Odes à la gloire des "Pas Doués Sympathiques".

On connait tous des gens doués qui réussissent en quelques minutes avec naturel et facilité, là ou la majorité doit suer et s’appliquer durant des heures pour parvenir au même résultat. Des gens pour qui la chose semble évidente et la pratique, avec le geste juste, aller de soi. Ces gens étant trop souvent encensés par ailleurs, et leurs dons rarement contagieux aux plus grand nombre, il ne m’intéressent pas ! :angry: Et surtout pas autant que les pas doués. Et pour être totalement honnête, j’irais même jusqu’à préciser, les “pas doués sympas”. Parce que les pas doués qui, contre toute évidence et en toute mauvaise foi sont absolument certains de tout savoir, n’en font qu’à leur tête, et vous toisent du haut de leur bassesse de plafond, eux… Je les laisse à qui les veux. :evil:

Ceux dont j’aimerais aujourd’hui vanter les mérites, sont les “pas doués”, mais qui à la fois, en ont une certaine conscience, ce qui ne les empêchent pas moins d’être de vrais passionnés. Ceux qui ont envie de réussir, même s’ils ne savent pas trop comment faire, comment y parvenir, pour qui l’apprentissage est long chemin de croix à l’issue incertaine, mais qui ne sont pas prêt à renoncer à leurs rêves pour autant. Ils ont bien parfois des moments d’abattement en constatant la modestie de leurs progrès, voir même parfois quelques régressions, alors qu’à coté d’eux des plus doués avance à grands pas, et partent rapidement voler vers d’autres cieux… Et je ne parle pas ici spécifiquement d’activités aérienne,mais bien plus de la vie en générale. Mais globalement, et malgré tout , il prennent du plaisir à tenter une aventure, à se donner un objectif, modeste certes, et qui leur sera pourtant si difficile à atteindre. Peu importe, ils sont décidés à ne rien lâcher. :pouce:

Pour un formateur, c’est souvent “un bon client”. Un client au commerce agréable, au sourire communicatif, qui fera rire les autres élèves de par ses maladresses ou ses bourdes involontaires, le plus souvent agrémenté d’un véritable sens de l’autodérision. Autre point positif, il reviendra consciencieusement payer ses cours saison après saison sans jamais se plaindre. Bref, un habitué des sites de formation, un “Pas Doué Sympa”.

Pour le commun des mortels, notre vision de cette frange de la population se limite souvent à ce qualificatif affectueux mais un peu réducteur : “Pas doué sympa”. C’est dommage et erroné, car leur influence pour le plus grand bénéfice de la société toute entière est en réalité colossale.

En effet, pour peu que le chemin de l’un de ces “Pas Doués Sympas” croise celui d’un formateur un peu plus passionné et impliqué que la moyenne dans ses activités pédagogiques; Ce dernier va se donner les moyens pour faire en sorte que son “élève plein de bonne volonté” puisse atteindre l’objectif qu’il s’est fixé, tout en conservant le plaisir de l’apprentissage et la sécurité de la pratique.

Notre formateur peut alors : Ne plus compter ses heures, ou s’il est un peu plus fin et enclin à remettre en question ses propres pratiques, rechercher les sources des blocages et les moyens de les contourner. En d’autres termes : Faire évoluer et adapter sa pédagogie, ses méthodes de transmission et d’apprentissage. Il va tenter de nouveaux exercices, une approche sous un angle totalement différent, des transitions inhabituelles et novatrices via d’autres outils et supports, utiliser un langage ou des images différents, venus d’autres horizons eux aussi, etc…

Quelque soient les domaines enseignés, les avancées pédagogiques les plus marquantes ayant permis de rendre les méthodes d’apprentissage plus efficaces, surs et ludiques, dont nous bénéficions tous par la suite, sont toujours issues, à l’origine, des difficultés rencontrés par des “Pas Doués Sympas”, et des réponses que des formateurs impliqués et passionnés ont mis au point pour les aider.

C’est aussi en pensant aux “Pas Doués Sympas” que les ingénieurs et fabricants conçoivent et produisent tous les jours des machines toujours plus accessibles, faciles et agréables à utiliser, fiables, sures et tolérantes aux maladresses. Tout cela en élargissant leur champs d’utilisation et leur capacité à nous accompagner agréablement et efficacement tout au long de notre progression et de nos pratiques. Cela est vrai dans tous les domaines de la vie : Qu’il s’agisse d’automobile, de moyens de paiement, d’électroménager, d’informatique, de communication, de loisirs sportifs ou non… Sauf peut-être dans le domaine des démarches administratives et de la réglementation… Et encore, même avec toute la mauvaise foi qui peut parfois me caractériser, à mon corps défendant, je dois bien concéder, que même dans ces secteurs de pointe en matière d’obscurantisme de haut-vol et de complexification de pointe, il y a parfois quelques modestes avancées !

Par ailleurs, les “Pas Doués Sympas”, ont aussi un effet hautement bénéfique sur le moral des “Pas franchement doués, mais qui se trouvent pas complètement nuls non plus” que nous sommes presque tous. Ces derniers, qui, en regard des précédents, se disent que : “Tout n’est pas complètement perdu pour moi”, cela alors qu’en réalité ils ne sont guère meilleurs. Et dieu sait combien cette lueur d’espoir et de positivisme individuel, particulièrement rare en ces périodes troublées, nous est utile !

Alors, gloire aux Pas Doués Sympathiques ! De par le simple fait qu’ils existent, Ils font avancer le monde dans la bonne humeur et la bonne direction. Que demander de plus et plus simplement ? :trinq:

Ah, enfin un fil de discussion qui parle de sexualité ! :bravo: :bravo:

Vincent tu devrais créer un nouveau fil, visiblement ya un sujet non traîté sur le forum et qui te travaille… :lol:

Bas mince, je crois me reconnaître dans cette catégorie de “pas doués”.
A 125 vols, je cumule encore les âneries et tous les étés je me repaie un stage de perf à Sederon chez Didier Rochas et David; d’ailleurs merci à eux pour leur patience, ils ont n’ont pas vu souvent un mec qui vole avec une bouteille d’eau remplie dans le bord de fuite…
Bon j’ai démarré l’activité il y a à peine 2 ans à 54 ans, et bien ça rentre beaucoup moins vite dans le cerveau et quand je suis au déco il n’y en a quasiment plus…
J’ai mon petit groupe de potes qui ne se prennent pas la tête, notre but étant de passer des bons moments ensemble… Je suis le pas doué de service mais mes décos finissent toujours par partir, avec de la chance proprement…des fois à l’arrache.
Je reste passionné par cette activité, je n’hésite pas à aller seul sur des sites inconnus, quand je part en vacances ma voile est toujours dans la voiture ce qui m’a permit de découvrir l’Ardèche et le Jura en volant.
Bon attention, je reste prudent en allant toujours voir l’attéro avant et je vole avec une aérologie saine.(sauf une fois où je me suis fait aspirer et là je reconnais que j’ai eu la peur de ma vie n’arrivant plus à déscendre).
Le pas doué dans les thermiques c’est quelques chose; à Chamonix, je me suis retrouvé à la hauteur du Brévent en peu de temps brassé par ma voile que j’essayais de piloter tant bien que mal.(plutôt très mal d’ailleurs)
Finalement, je me sent bien dans cette catégorie et je crois que je vais y rester un long moment, et surtout garder ma voile en A…

J’ai été tout de suite attirée et j’ai lu ce texte avec un mélange d’intérêt et d’amusement parce que j’ai un pots “Pasdoué” très sympa (sinon ce ne serait pas un pote).
Il n’entre hélas pas dans la description parce qu’il est totalement inconscient de son incapacité structurelle et intimement convaincu de progresser régulièrement, ce en quoi il est bien le seul à partager cette conviction.
On est toujours le “Pasdoué” de quelqu’un, pour des raisons diverses qui n’appartiennent qu’aux “doués” qui pérorent, plastronnent ou vendent des bretelles élastiques à qui veut bien les écouter.

Moi je suis une “pasdouée” mais je me soigne.

En fait, je pige très vite ce qu’on m’explique, c’est une faculté qui me fit classer quand j’étais jeune parmi les “surdoués” :mrgreen: mais je suis incapable de comprendre comment des milliards de gens peuvent avoir de la religion en général, ou croire à des quantités de billevesées, coquecigrues et autres carabistouilles, arnaques, escroqueries, discours, publicités, démagogie etc.
Dans ces domaines-là je suis une conne intégrale, aride et incurable.
L’éventail de la malhonnêteté intellectuelle est très large, donc mon caractère “pasdoué” est au moins aussi large.
Je me qualifierai donc de “surpasdouée”.

J’ai appris à danser le tango et la valse à 46ans et j’ai appris très vite ; j’étais auparavant d’une nullité crasse dans ce domaine, faute d’avoir eu envie de le défricher, et faute de pratique je suis redevenue une nullité avérée.
C’est grave docteur ?

J’ai appris à skier très vite, à 14ans (les jeunes de la montagne débutent à 4ans, eux) et j’ai atteint très vite un plafond (argent) en slalom et géant. Pour le dépasser, il aurait fallu vivre en montagne.
J’ai appris très vite à grimper, à 19ans, et j’ai rapidement atteint un niveau d’excellence… mais cela me fit côtoyer en haute montagne les limites physiques de l’endurance humaine et croiser le masque ricanant de la Camarde. Pas glop du tout, on va y mettre un frein.
D’où mon admiration sans bornes pour Hermann Bühl, Louis Lachenal, Reinhold Messner (que j’ai rencontré en 1969) et Christophe Profit.

J’ai aussi appris très vite le pilotage automobile, puis moto, et quelques coupes dans une vitrine rappellent qu’il m’arriva de faire des podiums, mais les plus doués qui se plantèrent un jour ne sont plus là pour en faire état.
D’où mon admiration pour Santiago Herrero (1943-1970), Barry Sheene (1950-2003) et Christian Sarron. C’est en les regardant piloter que j’étais devenue presque aussi difficile à battre qu’eux sur le mouillé. Sur le sec, mes machines manquaient de puissance et le pilotage extrême ne pouvait pas compenser, cela finissait donc souvent par terre.
J’étais douée, docteur ?

J’ai donc entrepris d’apprendre à voler et à 59ans ce n’était pas forcément gagné. Je ne fus pas la meilleure de mon stage init, deux jeunes mecs apprirent mieux et plus vite mais je ne les ai jamais revus. Plus tard j’ai côtoyé des “poussins” sur les stages init des Grands Espaces quand je faisais les photos de leurs premiers décollages le mercredi matin, et certains me bluffèrent tant ils se montrèrent doués, me faire poudrer à la régulière par des débutants de ce calibre ne me vexa pas le moins du monde.
D’où mon admiration pour ces gars-là, notamment pour Manu Avalle et Franck Besnard.

Même quand on apprend très vite parce qu’on pige vite et qu’on a une excellente mémoire, tant cérébrale que gestuelle, on restera toujours moins doué que ceux qui sont vraiment doués, donc la notion de “pasdoué” est relative.
Se savoir “pasdoué” , même - et surtout - si on sait que c’est relatif, est un atout important pour la sécurité. A contrario ne pas se savoir “pasdoué” est une excellente façon de se mettre en danger, c’est une variante de la roulette russe et chacun sait que la baraka n’est pas éternelle.

Chaque année, je tremble pour mon pote “Pasdoué”. Son ange gardien va finir par faire une tendinite à force d’astiquer son étoile.

  • C’est grave docteur ?
  • Je ne sais pas, on verra à l’autopsie.
  • Donc c’est grave…
  • La notion de gravité est très relative.
  • Certes, mais si cela doit conduire à une autopsie on ne peut pas dire que ce soit bénin.
  • J’entends bien, mais rien n’impose de faire une autopsie quand un “pasdoué” s’est croûté en jouant au con.
  • Jouer au con est aussi une notion relative, non ?
  • Il se peut, mais à ce jeu-là on finit toujours par gagner.
  • Et on gagne quoi ?
  • Une autopsie et un enterrement.
  • Vous êtes bien sinistre docteur…
  • C’est là aussi une notion relative. Au premier degré je peux sembler sinistre, je l’admets, mais au second degré on me taxera plutôt de cynisme rigolard.
  • Et mon pote Pasdoué ?
  • Il ne me fait pas rigoler, charité chrétienne oblige.
  • Pas même au second degré ?
  • Non. Son fonctionnement pousse davantage à réfléchir sur le plan éthique et philosophique qu’à se foutre de lui, ce qui ne pourrait que le conforter dans sa pratique aberrante.
  • Et les “pasdoués” sympas de Gilles ?
  • On reste là dans la relativité éternelle du Yin et du Yang, chère aux philosophes taoïstes, ou du “toubib or not toubib” de maître Shakespeare revu par Pierre Dac : qui est doué et qui ne l’est pas ? Et sur quels critères ?
  • Voilà un excellent sujet pour l’épreuve de philo du bac.
  • Il ne sortira pas, je parierai au moins un zloty là-dessus.
  • Et pourquoi donc ?
  • Parce que le zloty n’a plus cours…
    (quand je suis partie comme ça, je peux écrire un sketch à la manière des Frères Ennemis mais cela va vous raser et cela sort du sujet)
    :trinq:

J’ai eu le plaisir et la chance de rencontrer ce Formateur, MERCI Jean ! :bravo: :pouce: :trinq:

Idem, merci Thierry ! :wink:
Et merci à Gilles pour ce topic bienveillant, décomplexant et surtout d’une grande tolérance. :pouce:

Pas mieux, j’adore ces petites pensées décalées et optimistes de gilles. :bravo:

Gloire aux pas doués sympathiques qui donnent tout son sens à mon métier de pédagogue.

Et qui osera faire “l’Ode aux moniteurs pas doués sympathiques”, ceux qui par leur erreurs, approximations théoriques et gestuelles approximatives permettent aux élèves pas doués sympathiques de s’identifier à eux et de se dire qu’eux aussi, un jour, ils pourront devenir moniteur!

:canape:

Des Noms !!!
:mdr:

Et puis des images aussi !

[quote="Sagarmatha,post:5,topic:59097"] [...] - Parce que le zloty n'a plus cours... [...] [/quote] Je ne crois pas que la Pologne ait intégré la zone euro, et je dirais même que c'est de moins en moins à l'ordre du jour, vu le pouvoir en place

Roh soyez sympa c’est pas facile tous les jours la vie de moniteur quand même … http://www.parapentiste.info/forum/videos-de-vol-libre/comment-pieger-un-moniteur-de-parapente-t29099.0.html
:wink:

:vol: Je me doutais bien qu’il y aurait un “pasdoué” sympathique qui relèverait mon trait d’ironie au sujet de zloty, dans une envolée déconnante qu’il aurait évidemment “lue” au premier degré.
Les gens qui se roulent tout seuls dans la farine (me) font toujours rigoler, au second degré évidemment.
C’est une question culturelle liée à l’âge.
Tout le monde n’a pas vécu l’époque des immondes “histoires belges” de Coluche mais beaucoup ont entendu Coluche déconner et vu des vidéos sur YouTube. L’écouter au premier degré et en déduire qu’il n’aimait pas les Belges serait d’une stupéfiante imbécillité.
Blague de l’époque :
Q - Quelle est la différence entre un rouble et un dollar ?
R - Un dollar.
Q - Et entre un franc et un zloty ?
R - Un franc.
Q - Et entre un franc et un mark ?
R - Je m’excuse, je suis un peu fatigué en ce moment.
On faisait aussi des blagues roumaines à l’époque de Ceaucescu, des blagues polonaises sur la valeur du zloty, des blagues anglaises sur les moeurs “exotiques” qu’on leur attribuait comme aux Grecs (à Rome on disait "la manière grecque), des blagues espagnoles tournant autour de la corrida, des blagues irlandaises ou russes au sujet de l’alcoolisme, des blagues françaises aussi autour de l’esprit de clocher etc… en y ajoutant évidemment les blagues hilarantes que les Belges racontent aussi sur les Français et les Hollandais, et surtout sur les Flamands.
Les blagues autrichiennes sur les Allemands ne sont pas non plus piquées des hannetons (le hanneton étant un insecte blindé).
J’en connais des centaines, en y ajoutant des blagues juives à pisser de rire (seuls les Juifs savent bien les raconter) et des blagues arabes sinistres héritées de la guerre d’Algérie et de l’immigration massive des Pieds-Noirs, et les blagues prussiennes héritées de la guerre de 14-18.

Seuls des imbéciles arides et crasseux pourraient en inférer que se sois xénophobe, raciste ou intolérante, c’est évidemment tout le contraire.
Bref on aura toujours tort de ne me lire qu’au premier degré.

Et contrairement à ce que suggèrent les balises HTML des posts ci-dessus, tel est pris (dans le floude) qui croyait prendre… :mrgreen: … en se plaçant ipso facto dans la mouvance des “pasdoués sympathiques”.
Gilles, tu as du génie.
:trinq: (… sauf quand il est question de bière, encore que cela me fasse parfois déconner quand il est question de mise en bière)