Intéressant de connaitre ce qui se passe en situation de vol dans la tête des autres…
C’est pas forcément pareil pour tous.
Par exemple moi quand je me fais brasser, j’ai pas peur d’avoir un accident ou de me faire mal. Je suis inconfortable, j’ai peur, c’est tout. J’aime pas la situation ni la sensation.
Comprendre pourquoi je me fais brasser ne change rien.
Et je ne me dis pas que je vais me crasher et me faire mal. Je n’y crois pas vraiment d’ailleurs, d’autant que je sais qu’au pire ça se terminera sous secours… Pour autant, je peux quand même avoir peur.
Et sur les sensations merdiques en vol, j’ai jamais vraiment le temps de me dire quoi que ce soit, et encore moins que je vais crever… et d’ailleurs c’est pas ce qui peut me faire le plus peur…
Par exemple, l’autre jour je prends un thermique qui part fort avec sensation de se faire arracher (là, pas peur, je me dis “chouette, çui-là c’est un bon !”), je le visse, je fais un tour et demi sur la tranche… et là il me laisse tomber d’un coup, je passe à rien du tout avec sensation d’apesanteur, commandes molles, suspentes genre détendues et voile qui flotte quelque part… Là, grosse montée de trouille et je peux juste me dire “Aaaaaaaâââh !!!” et rien d’autre. Puis après une sensation de chute libre, toute la tension revient d’un coup de partout ; petite crainte supplémentaire de la réaction de l’aile… il n’y en a pas eu… Ouf ! J’ai eu peur.
On n’a pas les mêmes limites donc pas la même définition ou alors on se ment.
Pour moi, j’ai souvent peur de ne pas tout maitriser, mais … :affraid: …
Et cette peur me fais du bien. J’aime cette sensation comme en escalade, en spéléo…J’adore mais pas au point de me faire arrêter une discipline au contraire. :jump:
Néanmoins, je respecte cette peur car je sais qu’elle me limite dans mes délires ! :bien/mal:
Mouais, à moi aussi. Tellement bons que depuis le 4 septembre j’ai décidé de ne pas aller voler. :bang: Je me suis remis au VTT hier, et là, chose curieuse, la peur m’a quittée… :lol:
MDR! J’ai tellement pouffer que j’en ai foutu plein mon clavier !! Ptet parce que je me suis déjà fait retourner l’aile à Rovagne, je rigolais moins là…
J’ai répondu “Parfois. Dans les situations tendues”.
A mes débuts, je n’avais aucune espèce de trouille, pas de stress, et je volais très au-dessus de mes moyens, sans secours. Une première alerte puis une autre ne me firent pas éviter une connerie majeure : j’ai failli me tuer, en tapant heureusement sur une petite barre rocheuse qui m’a explosé un genou en 7 morceaux mais m’a évité une chute de 700m.
Aucune peur pendant l’accident, pas de réaction bizarre après : j’avais autre chose à faire : me dégager de la paroi par une traversée vers des gradins, m’asseoir et sortir de la sellette, puis appeler Dragon.
Lors de ma reprise, 10 mois plus tard sur le déco de la Forclaz, le stress était énorme et paralysant, j’ai réappris à voler avec mon école. C’était du stress, pas de la vraie peur, parce qu’une fois en l’air tout allait bien.
J’avais déjà vu la mort de très près à 26 ans, à l’Aiguille Verte, en haut du couloir Mummery, quand une chute de pierres, déclenchée par la cordée que nous rattrapions, cassa net la jambe de mon compagnon, 20m au-dessus. Il se retrouva 25m au-dessous, j’avais laissé filer 5m de mou pour amortir, la corde avait tenu et le relais aussi. Sinon, c’était 700m de chute sur le glacier de la Charpoua, adieu !
A aucun moment je n’avais eu peur, cela s’était passé très vite et j’avais fait ce qu’il fallait. Après, il fallut remonter le copain jusqu’au relais, puis le mettre en sécurité. Dans ces cas-là, on pense à autre chose.
Je suis allée plusieurs fois à la Verte et j’ai descendu plusieurs fois le couloir Whymper, dont une fois en 45 minutes dans une neige merveilleuse, puis en ramasse avec les crampons, une autre fois en 7 heures dans une neige épouvantable, qui ne tenait pas sur une glace sous-jacente granuleuse, avec des coulées interdisant de faire des rappels sous la Grande Rocheuse. 300m d’angoisse, c’est très long et mon second de cordée avait heureusement les nerfs solides.
J’ai aussi bivouaqué en paroi sous l’orage, la foudre tombait partout et il n’y avait rien à faire, sauf prier mais bof.
Avoir peur ne sert à rien, sauf à aggraver le danger quand il y en a.
J’ai vu une fille hurler de terreur au début de la descente du Chardonnet, parce que le passage s’appelle “couloir des macchabées”. Nous étions la dernière cordée. Ce couloir à 45°, en bonne neige dure, était tout à fait débonnaire. J’avais dû tailler une longueur, puis remonter pour assurer la fille… qui au bout de 20m avait oublié sa peur et descendait normalement, et nous avions rattrapé les autres.
Il m’est arrivé en ski de printemps de me trouver devant des plaques à vent. Les contourner est souvent impossible, je fais demi-tour.
Je déteste enfoncer dans la neige sur un glacier. Les crevasses je connais, je suis déjà descendue chercher un type qui s’était mis dans un pot, sur le glacier d’Argentière, et qui, à 35m de profondeur, était encore en vie, tout cassé mais avec la colonne vertébrale intacte.
C’est le cas de le dire, il avait eu du pot.
Mummery disait que “les pierres ne visent pas les grimpeurs”, mais les coulées de neige et pire les séracs embarquent tout le monde. Cela me fiche la trouille quand je passe dessous et je me dépêche.
Dans les années 80 arrivaient des Boat-People, j’en ai eu quelques uns dans mes classes dont un garçon qui m’a profondément marquée.
Dans la classe de 3ème dont j’étais prof principale, le prof de Lettres avait demandé aux élèves de raconter un événement qui leur avait fait peur. Le Ang était allé le voir et il lui avait dit : “Quand j’avais 8 ans, les Khmers rouges sont venus dans mon village et ils ont rassemblé tous les adultes dans un champ. Puis ils nous ont donné des armes et ils ont donné l’ordre de tirer sur nos parents pour faire la révolution. J’ai jeté l’arme et je suis parti en courant, ils m’ont tiré dessus mais ils ne m’ont pas touché. Puis j’ai entendu le bruit de la fusillade et je courais encore.
Je ne suis jamais retourné dans mon village, je me suis caché pendant deux ans dans un cimetière, dans une tombe qui avait été cassée.
C’est quoi la peur, monsieur ?”
C’était en 1987 et je revois le collègue en pleurs, dans la salle des profs.
Le Ang m’a beaucoup appris.
En général, je n’ai pas peur quand je vole, étant entendu que je ne me mets pas en l’air quand les conditions sont trop fortes pour moi ou pourries, et que je suis toujours très concentrée.
Il m’est arrivé de me poser en catastrophe sur une grosse rentrée de vent, ou de devoir vacher sur un terrain exigu avec des abords dangereux. C’est banal et dans des plans comme ça il faut beaucoup de sang-froid, même si on serre les fesses.
Après coup, on dit qu’on s’est fait peur.
C’est quoi la peur ?
Je vais hasarder une définition : la peur est un sentiment irrationnel, qui naît quand on se trouve dans une situation qu’on ressent comme étant dangereuse et dont on n’a pas la maîtrise.
Le parapente est un engin merveilleux mais sa pratique comporte des risques. La sérénité arrive quand on est capable de limiter les risques pour maîtriser sa peur.
Je ne suis pas encore sereine sous un parapente.
Je ne suis jamais sereine quand j’ai une tronçonneuse entre les mains.
Ben oui j’ai peur … et souvent, quand ça bouge. Et même quand ça bouge pas mais que je ne suis pas certain de pouvoir assurer que sur un site plus ou moins pas bien connu et dans les conditions météo que je ne suis pas certain d’identifier j’aurais la finesse nécessaire et les nombreuses vaches possibles et confortables au cas ou l’aterro se révelerait un poil loin… enfin toutes les angoisses du débutant quoi ! :oops:
La majorité semble dire quand ça bouge trop… sauf que ce qui bouge à peine pour des expérimentés c’est déjà largement beaucoup trop pour un débutant comme moi.
En fait j’ai peur lorsque je ne maîtrise pas quelque chose ou il y a un risque physique grave… et comme pour l’instant j’ai l’honnêteté de reconnaitre ne pas maîtriser grand chose et que les risques du parapente vous les connaissez encore mieux que moi :bang:
Tout est relatif. Mais en tous cas cela rassure de voir qu’on est pas seul et que même les “anciens” se posent des questions régulièrement. Le tout étant que cette “peur” ne prenne pas le pas sur le plaisir et ne nous fasse pas perdre nos moyens ou faire des bêtises.
Moi c’est bizarre, en vol je suis concentrée a bloc, et si y’a un moment chaud, ou monstre connerie de ma part, j’ai peur après quand j’ai posé! Mais ça m’empêche pas d’y retourner!
Par contre petit coup d’adrenaline qui va bien, et c’est ça qui est bon!
Désolé je ne connaissais pas cette expression d’enrouler avec les marmottes, moi aussi morte de rire! J’ai cru que la marmotte c’était moi!! :mdr:
[quote]Par exemple, l’autre jour je prends un thermique qui part fort avec sensation de se faire arracher (là, pas peur, je me dis “chouette, çui-là c’est un bon !”), je le visse, je fais un tour et demi sur la tranche… et là il me laisse tomber d’un coup, je passe à rien du tout avec sensation d’apesanteur, commandes molles, suspentes genre détendues et voile qui flotte quelque part… Là, grosse montée de trouille et je peux juste me dire “Aaaaaaaâââh !!!” et rien d’autre. Puis après une sensation de chute libre, toute la tension revient d’un coup de partout ; petite crainte supplémentaire de la réaction de l’aile… il n’y en a pas eu… Ouf ! J’ai eu peur.
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T’arrives bien à mettre des mots sur des sensations surfair ROTFL ROTFL
Moi c’est effectivement ca qui me fait bien peur, mais en fait, c’est pour moi la même sensation que quand tu es dans un passage chaud en escalade et que tu es limite de lâcher la prise… taquet quoi… !
[quote]Et je ne me dis pas que je vais me crasher et me faire mal. Je n’y crois pas vraiment d’ailleurs, d’autant que je sais qu’au pire ça se terminera sous secours…
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le soucis, c’est que personnellement j’ai volé à pas mal d’endroit où j’aimerais vraiment pas faire secours, et ou ca se terminerai certainement mal (au dessus de rocher, barres, pierrier…). Il est vrai que suivant ce que je survole je suis plus ou moins à l’aise.
Il est vrai que ce que l’on survole peut être à l’aune de la peur ressentie.
Exemple, lorsque je n’arrivais pas à descendre à Aiguebelette le 29 août alors que je volais -parait-il- sous le vent en me faisant brasser en permanence, je suis allé tenter une perte d’altitude au-dessus du lac. J’ai eu la sensation de diviser ma frousse par deux…
Petite question subsidiaire : je vole sans secours et je me demande si cela participe à la sérénité de mes vols ou pas ? Lors de mon dernier sketch au mont Myon, si la voile n’avait pas rouvert, avec les 20 à 30 mètres de gaz restants je ne pense pas qu’un secours ait été salvateur. :grat:
est-ce que c’est de la peur ou bien des voyants rouges qui s’allument les uns après les autres et te commandent d’être d’autant plus vigilant qu’ils y en a beaucoup d’allumés ?
perso je ne range pas ces sensations dans la peur … “crainte” à la limite paske tu commence à compter les voyants rouges
non moi la peur je l’ai vraiment connue quand j’ai débarqué sur Lyon. J’ai un gros passé d’aviation (motorisée). J’avais volé en plaine … sans crainte, sans excès de sensation…
quand j’ai débarqué dans lézalpes :affraid: me suis ressenti débutant. J’écourtais mes vols quand les autres tenaient … ça a duré presque 1 an, le temps de dompter ma nouvelle aile + les conditions aérologiques de lézalpes …
après, me suis fait des chaleurs … mais plus des peurs rétrospectives. pendant l’action, je suis concentré sur le pilotage, les actions à mener … même la foix où je suis passé à l’intérieur de dedans le cone de suspentage, ben la dose d’adrénaline etc fait que j’étais dans l’action … même si une fois sous pépin y a plus grand chose à faire (remarque que cette phase n’a pas durée trop longtemps non plus :clown: )
Ben, moi je barguigne pas. Là je ressens de la peur, je vois pas des lumières rouges…
Il m’est venu une réflexion qui peut-être vous inspirera aussi.
En fait, à part les quelques extra-terrestres qui s’expriment et qui n’ont aucune peur (les Normands d’Astérix), la peur est présente, semble-t-il fréquemment chez la plupart d’entre nous.
Ce qui éventuellement fait une différence c’est la tolérance que nous avons à notre peur. Certains semblent la supporter beaucoup mieux que d’autres. Il y en a même que ça excite…
Moi qui n’aime pas les situations inconfortables, faut pas que j’aie trop peur en vol sinon cette peur peut engendrer un inconfort quasi-insupportable. D’autres au contraire vont investir cette peur d’une valeur positive et pourront s’en servir pour aller toujours plus loin.
Bin si justement, avec 20 mètres “salvateur” c’est le mot : vivant mais en morceaux. Avec 50 mètres tu arrives indemne si tu es un rien tonique et vif, avec moins tu arrives vivant … mais c’est déjà ça, non ?
Oufti, mais c’est Tom Cruise ! T’as du trop regarder Top gun, mon Piwi, c’est pas des voyants ce sont tes céréales du matin qui sont pas fraiches et qui te filent des hallucinations.
Je suis étonné que tu voles sans secours deuchiste.
Si il est vrai que pour les premiers ploufs en air calme celui ci peux sembler inutile, dès que tu abordes du vol en ascendances, j’aurai du mal à ne pas avoir ce joker. Alors on rappelle bien que c’est pas une option de vol, mais que ca reste un joker qu’il est dommage de ne pas posséder.
à 20-30m sol avec une voile à moitié ouverte, voire en autorot, on descend à combien ? 5-10m/s ? c’est sur que ca laisse bien peut de temps pour ouvrir le secours. Si tu réagis vite, au pire il ouvre quelques centième de seconde avant l’impact, mais cela peut suffir à te freiner. Parfois ca se joue à pas grand chose.