PWC : débat homologation ENZO2

Merci Luc pour toutes tes explications que j’apprécie beaucoup.

L’affirmation citée ci-dessus ébranle ma conviction suivante (probablement erronée ?) : N’est-il pas vrai que les fermetures d’une aile « moins fragile » donc plus solide, sont, en principe, plus difficiles à maîtriser (car à plus grande vitesse et avec une plus grande surface de fermeture de l’aile) ?

Concernant ce sujet des lignes de fermetures, est-il vrai que le fabriquant est tenu de fournir des suspentes de fermeture sur demande, et ceci pour permettre aux pilotes de faire les exercices de sécurité (SIV) ?

karma+ Luc et de manière générale au concepteurs ozone. Ne soyez pas triste de faire des jaloux, c’est en quelque sorte un superbe hommage à votre génie de la part de vos concurrents qui savent pas quoi inventer pour vous contrer. :soleil:

Puis si le parapente ne veux pas évoluer, pourquoi ne pas évoluer de son côté. Je ne fais pas du parapente pour du parapente, j’en fait pour voler, je ne crois pas être le seul dans ce cas.
Surprenez nous. Faites nous une voile typée loisir (non homologuée (able) avec toutes les avancées qui font grincer des dents les autres. :mrgreen:

Joli conte, j’aurai pu y croire si je n’étais pas un acteur du milieu de la compétition, et des choses que j’ai pu voir et entendre. C’est trop facile de vouloir se faire passer pour une victime. Je me permets de te répondre car tu me cites dans ton récit sur le sujet des élévateurs, c’est mon baptême du “Champs du Vario”. Je signale que je suis juste un pilote Niviuk.

Acte 1: 2011, Finale de la Coupe du monde de Valle les Bravo. Sont présente sur cette finale les toutes premières E1 et IP6. Durant cette finale on se rend compte que les poulies de nos d’accélérateurs peuvent être poussé plus loin que la normale (Enzo et IP6). On a donc une conversation avec Luc sur l’utilité de mettre une sangle imitatrice entre A et B qui empêcherai cette action. J’avais eu l’impression que tu étais plutôt d’accord. Dans la foulée, j’en avise Niviuk qui répercute aussitôt cette sangle sur les élévateurs d’IP6, sans changer bien entendu la géométrie de ceux-ci.
Plusieurs semaines passent est les élévateurs de E1 n’ont toujours pas de sangle. Je te demande pourquoi? Tu me fais comprendre que le coût des 30 élévateurs à remplacer (les 30 E1 à la Finale 2011) n’était pas possible et que finalement la sangle ne serait pas ajoutée.
Retour en arrière, on demande à Niviuk de remettre à l’origine les élévateurs car Ozone ne joue pas le jeu et on se fait poser à l’accélérateur. (Ca vous rappelle peut-être une fâcheuse anecdote pour Niviuk au Championnat du Monde 2012 au sujet d’une sangle disparue sur les élévateurs de l’IP6 …)
Durant la saison 2012 les pilotes d’E1 et d’IP6 joueront à celui qui poussera le plus fort sur le barreau d’accélérateur.
Acte 2: 2012, Finale de la Coupe du Monde en Colombie. Donini et Maurer nous posent tous avec leurs E1 en retournant les poulies. Retour sur la discutions de cette fameuse sangle imitatrice qui semble la seul solution pour éviter ces débordements. Tu nous répondras cette fois-ci que pour le pilotage aux B ce n’est pas possible de mettre cette sangle.
Acte 3: 2013, Finale de la Coupe du Monde au Brésil, outre les histoires de l’E2, retour sur la discussion des élévateurs et des poulies retournées. Si tu avais joué le jeu de cette sangle, on n’en serait pas là.

Comme tu le dis, c’est bien mon aile qui a été déclaré non homologué par AT et non toutes les IP7 pro, et comme je te l’ai déjà dis je l’assume pleinement.
Malgré tout je m’en veux d’avoir creusé cette brèche. En effet, le samedi soir de la remise des prix de la Finale au Brésil, j’ai remonté les drisses de mes élévateurs sans contrôler leurs sens avant de refiler mon aile à Laura pour AT, mal m’en a pris. Par sécurité je n’utilise pas ces drisses car les cros-fendu s’accrochent dans mon Lycra de ma sellette, la drisse de mon accélérateur monte directement dans mes élévateurs.

Cette situation m’attriste car elle a divisé les pilotes. J’espère que la sérénité ne tardera pas à revenir parmi nous et que notre activité arrivera rapidement à s’en relever. Vivement que les compétitions reprennent, ça évitera de gamberger.

@Ankaa,

Un profil plus fragile est plus facile à homologuer car la fermeture est plus facile à provoquer et à ajuster en taille. Du coup, une voile avec un profil plus fragile peut être homologuée avec une vitesse plus élevé (tant que ça ferme pas à Vmax quand on tire progressivement 25% de la course de frein).

Il n’y a pas d’obligation de fournir les lignes de fermetures mais cela a été recommandé. Il faut toutefois bien faire le distingo entre SIV et homologation. Le but de l’homologation est de noter des réactions à une fermeture standardisée. Les lignes de fermetures servent à aider le pilote test à ajuster la fermeture selon ce standard. En SIV, le but est simplement de s’entrainer à réagir à une fermeture subie. Sur la Delta2, par exemple, qui a été homologuée avec lignes de fermeture pour les test accélérés, nous ne fournissons pas de lignes de fermeture car nous considérons que les pilotes peuvent tout à fait réaliser des fermetures pédagogiques sans ces lignes.

Sur la Enzo2, il n’y en a pas non plus, car nous pensons pas que ce soit interessant pour les pilotes ayant le niveau pour ce genre de voile. Ils ont plutôt intérêt à s’entrainer sur des décros, parachutal, vrilles, défaisage de cravattes.

A+
Luc

PS: merci à tous pour vos messages d’encouragement. ça redonne de l’énergie pour la suite.

Salut Jean-Marc,
ce que tu écrit est à peu près correct, si ce n’est l’histoire du prix des élévateurs, la raison était que les limiteurs que nous avons essayé était dangereux car ils entravaient l’action aux B en pilotage actif. L’autre point, c’est qu’on mélange ici le “retournement” des poulies, c’est à dire les rares pilotes qui arrivent à faire descendre les deux poulies ensemble en tirant tout leur poids sur l’accélérateur et le “recouvrement”, qui est de mettre une poulie à coté de l’autre, que n’importe quel pilote peut faire facilement.
Et concernant le montage de ton accélérateur à la superfinal, qu’on peut même voir en l’air dans ton profil facebook, je pense que personne ne t’en veux et je ne te considère pas comme tricheur.
Toute cette affaire m’attriste également. J’aurais aimé qu’elle serve à au moins progresser vers de meilleurs réglèments, ce qui n’est pour l’instant pas trop le cas.
Oui, tu as raison, vivement qu’on revole.
A+
Luc

Mouais, personne est tout blanc dans ce milieu, dommage car ça pourrit l’image de notre sport au final.

Ce n’est pas comme-ci on n’avait jamais vu un but marqué de la main, un joueur accroché par le maillot, un cycliste accroché à un véhicule,…
Le propre des personnes en charge des règlements, c’est de faire des règles simples à évaluer et à vérifier. Il faut aussi en avoir le moins possible, puisque cela limite les dérives et contestations possibles. Même si la F1 est très loin de nous, on peut en tirer des enseignements simples.
En 2014, c’est la 3ème génération de règlements, et nous n’avons toujours pas fait de progrès sur ces points. Pourtant, l’Etat dépense de l’argent en finançant des postes à des personnes sensées avoir un minimum de connaissances et de compétences sur ce sujet nous aider. Aujourd’hui, on voit clairement qu’il y maldonne.

Ton exemple de la F1 n’est peut être pas très approprié car comme simplicité on trouve mieux ! :wink:

Loin de ta proposition d’une liberté totale, la formule 1 est au contraire hyper cadrée.

http://www.fia.com/sites/default/files/regulation/file/2013%20F1TECHNICAL%20REGULATIONS%20-%20PUBLISHED%20ON%2004.07.2013.pdf

De la triche mais pour quels enjeux ? Incomparables au foot ou au cyclisme. Et quels risques ? Encore une fois incomparables au foot ou au cyclisme…

L’enjeu, c’est satisfaire son envie d’être devant un autre. On triche aux cartes, dans la cour de récré,… partout, que ce soit chez les amateurs débutants ou chez les professionnels et même les vétérans.
Je vois mal pourquoi il serait plus acceptable de tricher quand l’enjeu est important. Serait-ce parce que le gâteau serait plus tentant? C’est aussi commettre une plus grande injustice, on prive un autre d’une récompense plus importante.

Il n’y aucune raison de se mettre des contraintes quand il n’y aucun gain à espérer, à part si on est maso.
Si tu regardes la F1, lorsqu’un aileron ne doit pas se déformer, on associe le moyen de contrôle par un test simple : mesure de la déformation par l’application d’un poids au centre. Et, si certains ailerons se déforment en course, comme le prouvent les caméras, ils restent conformes tant qu’ils réussissent le test. Simple et basique.

karma+

@Benoit 2R : Tu dis que personne n’est tout blanc et tu parles de triche mais il faut voir les choses dans leur contexte. Je suis sûr que chaque pilote et chaque constructeur est persuadé que ce qu’il fait est acceptable et simplement qu’il a été en avance sur d’autres pour se rendre compte que le règlement ne l’interdit pas. Le hic arrive lorsque l’interprétation n’est pas perçue comme une idée super intelligente pour exploiter le règlement mais comme une triche. Bien sûr, le contexte (historique, compétition ou loisir etc.) fait que la même chose peut sembler acceptable ou pas. En l’occurrence, Ozone a pensé que l’absence de tolérances sur certaines mesures permettait changer ces mesures. D’un point de vue purement logique c’est vrai, donc eux ne voient pas cela comme de la triche. De même, des pilotes ont pu utiliser un passage de drisse de frein susceptible d’avoir plus de course qu’à l’homologation mais Luc ne voit pas cela comme une triche, il a trouvé cela très malin, et je suppose que les pilotes en question aussi.

La réponse à cela peut être de boucher toutes les failles du règlement ou bien de vivre avec en autorisant de fait l’utilisation pérenne de ces failles et donc en encourageant la recherche de nouvelles failles. En formule 1, puisque c’est une comparaison qui revient souvent, il était à un moment interdit d’avoir une garde au sol trop basse (1982 ?). Des voitures ont gagné des courses avec un système de suspension hydraulique permettant d’avoir la bonne hauteur lors des mesures mais pas pendant la course. Les petites entreprises n’avaient pas peur d’être taxées de tricheuses donc ont utilisé cela jusqu’à ce que cela devienne interdit alors que Renault s’est refusé à le faire et ne pouvait donc pas gagner. Etait-ce tricher ? Sinon, pourquoi a-t-on fini par interdire cela ? Si oui, pourquoi a-t-on laissé des voitures gagner plusieurs grand prix sans les disqualifier ?
En lisant cela http://didier.andlauer.free.fr/F1/dossiers_f1/inventions/inventions.htm vous verrez que ce que Didier Andlauer appelle des inventions peut souvent aussi être vu comme à la limite du règlement et beaucoup de ces “inventions” ont donné lieu à des protets.
Ce qu’il me semble, c’est qu’une interprétation un peu cavalière du règlement en F1 entraine une probabilité de disqualification d’autant plus importante que :

  • Le nombre de participants ayant pensé à cela est faible,
  • L’avantage procuré est important,
  • Les “inventeurs” ne sont pas impliqués dans l’organisation du sport.

Autant que je sache, la formule 1 a tenté, au début des années 2000 (je ne suis plus cela de près aujourd’hui) d’éviter tout ce qui pourrait donner un écart important et impossible à combler entre les voitures. Une des mesures prises pour cela est de solliciter l’accord des organisateurs (directeur technique de la FIFA) avant d’implanter une “invention” dans la voiture, ce qui ne va pas très loin dans le bridage des ingénieurs mais, ensuite, il a fallu que tout le monde utilise les mêmes pneus, le même nombre de cylindres, le même alésage x course, angle de V, nombre, position et angle des soupapes, régime moteur maximal…
Je détaille cela car la réponse apportée en formule 1 est à peu près une de celles dont Luc parle : le One design. La version F1 du One design (qui permet de garder de gros sponsors industriels) reviendrait en parapente à dire que tout le monde doit utiliser la même forme en plan, le même plan de suspentage avec les mêmes points d’accroche, les mêmes élévateurs et un profil d’épaisseur 12%, par exemple. Les constructeurs pourraient vendre des ailes dont les profils seraient légèrement différents et continuer de faire du business, les pilotes pourraient gagner avec n’importe quelle marque mais aucune innovation ne serait testée en compétition. Pour ceux que cela effraie, il faut savoir, qu’en F1, il n’a jamais rien été inventé qui ait pu finalement être utilisé de façon régulière sur les voitures de série (j’attends des contre exemples avec plaisir).

Pour ma part, je suis navré de voir qu’un copain très inventif passe son temps à autre chose que d’améliorer mon parapente en s’emm… avec des règlements qui n’apportent rien aux planeurs de poches qui nous font rêver et j’attends avec impatience le premier FAI de 400 km fait avec une voile qui apporte vraiment de la performance au parapente tout en étant assez sûre pour tenir un tel cross.

Le vrai malheur c’est de ne pas laisser faire les ingénieux concepteurs. Les VNH pour la plupart étaient sure, on savait vite laquelle était chaude. Chacun voyait midi à sa porte, et c’est pas le pilote lambda de cross qui allait se mettre dessous.
Qu’il y ait une norme testant la solidité de la structure ainsi que le comportement en décro(le plus important a mon avis) est important.

Et là au moins plus de triche, tout est libre.

BrunoD : encore une fois on compare 2 activités aux enjeux incomparables. Quand est-ce que la compétition redeviendra “amicale” ? Je veux dire par là que dans le cas d’un trou dans le réglement, plutôt que de s’engouffrer dedans en parler aux autres acteurs de la compet pour décider collégialement de ce qui est moralement faisable ? Idem pour les accéléros, idem pour le suspentage, le lest, etc.

Perso je préfère perdre plutôt que d’avoir sur la conscience un possible soupçon de triche, peut-être pour ça que la compet n’est pas faite pour moi…

Eddie : oui et non, et si un constructeur peu scrupuleux néglige la sécu pour la perf ? Ne faut-il pas un minimum de garde-fou ?

Il faut arrêter avec les peurs irraisonnées, notre sécu dépend bien + de nous que du matériel. De plus, la majorité des constructeurs en dehors de deadline dangereuse, s’auto-régulent car le concepteur généralement vole et confie au départ ses créations à ses amis. Comme nous ils n’ont pas envie de les voir se blesser ou pire. Bien entendu, cela n’empêche pas les erreurs et le besoin de mise au point progressive.

S’il faut mettre des garde-fous, alors éliminons le vol dans les hautes-montagnes, dans les endroits semi-désertiques, quand il y + de 15km/h de vent, … car ce sont des risques vraiment objectifs!

Je comprends pas bien le problème: la compétition, tu la pratiques comme tu veux, tu peux parfaitement la pratiquer dans cet esprit, comme le font tout plein de pilotes. C’est même particulièrement facile en parapente, où on ne juge pas une compétition que par le résultat sportif, l’ambiance et l’organisation mais aussi par le site de vol et les conditions rencontrés.

Un de mes meilleurs souvenirs de vol en compétition, c’est une manche qui était superbe mais où j’ai très mal géré la fin et vaché à quelques km du goal. Dans ce genre de situation, il y a ceux qui vont se morfondre (parce que c’est dans leur tempérament et/ou parce qu’ils investissent beaucoup d’énergie, de temps et d’argent dans la recherche de résultats), mais t’en as aussi plein qui vont apprécier le vol, les conditions, le paysage (sisi ça arrive!), en regrettant peut-être juste de pas avoir mieux volé.

Une voile dangereuse ne se vendra pas trop, pour ca que je parle d’un test sur le decro, figure qui sur certaine vnh était tendu, alors que d’autres meme super allongé c’etait des decro école…

après jesuis le raisonnement a Fabrice, de toute façon ces baches là concerne une petite partie des pilotes, la plupart même des supers pilotes volent avec des D tranquilles et claquent des belles manches, des cross énormes.

Ce sont des accusations graves. Tu sous entends que des constructeurs ont fait pression sur PARA-TEST en leur disant “si vous homologuez l’ENZO2.1 vous ne nous aurez plus comme clients?”. Comment exiger une telle chose? Si oui, qui sont-ils?
A moins qu’ils n’aient fait pression pour que le calendrier de test de PARA-TEST soit simplement respecté? Auquel cas c’est défendable non? Vous avez joué avec la règle et avez été sanctionnés pour cela, il est normal que vous n’obteniez pas de passe-droit il me semble.
Ce serait bien de clarifier aussi ces points. Parce que jouer les persécutés sans donner aucuns éléments factuels (qui a exigé quoi de qui) cela revient à jetter inutilement de l’eau sur le feu et discréditer l’ensemble de vos concurrents, soit exactement l’inverse de ce que l’on attend de vous étant donné la situation que vous avez contribué à créer.

JPM

PS: Merci pour le début du récit, très convainquant et informatif, et dommage que tu termines par ces jérémiades (pov chou!) et ces mises en cause ni étayées ni assumées

De l’huile, Jpm31, de l’huile ! Si c’était de l’eau le feu brulerait bien moins bien. Maintenant tu souffles suffisamment bien sur les braise pour qu’il reprennent, alors ne soit pas trop inquiet… :mrgreen:

Tu volerais pas en Niviuk toi ??? :sors: