Sur Arbas nous avons une convention avec la LPO signée à sa demande pour instaurer une zone de tranquillité de 150 mètres autour du lieu de nidification d’un couple de percnoptères. Je tiens à dire que tout cela a été fait en toute décontraction avec des interlocuteurs qui sont loin d’être désagréables.
Il est demandé aux pilotes d’éviter de pénétrer dans cette zone de mi-Mars à mi-Septembre. Il s’agit d’une démarche de bonne volonté, j’ai veillé à ce que nulle part ne soit écrit le mot “interdiction”. C’est un “gentlemen agreement” qui n’a ni force de loi ni volet répression. La convention est annuelle et les parties prenantes (LPO, municipalités concernées, école Surf’air, club Profil, etc) peuvent s’en retirer chaque année. Une réunion annuelle de suivi se tient sur le territoire concerné. La LPO a payé deux panneaux d’information pour le site. Nous essayons aussi de faire conduire des actions de sensibilisation en direction des parapentistes, cette partie étant hélas très mal assurée…
En 2008 le couple a eu un petit qui est allé jusqu’à l’envol.
En 2009 il y a eu ponte, éclosion, nourrissage… puis disparition du poussin… selon toute vraisemblance trucidé par les corneilles.
Les Percnoptères sont venus s’installer donc on peut penser que les parapentes en vol les dérangent peu.
On peut aussi penser que les petits naissant sur place intègrent complètement cet élément comme étant une part non-agressive de leur environnement (les phénomènes d’empreinte sont particulièrement costauds chez les oiseaux).
Ceci dit, en vol ils ne recherchent absolument pas notre compagnie, ils font leur vie et si on n’est pas là ça semble aussi bien pour eux. Si on va vers eux, à la même altitude, ils se déroutent et se barrent ailleurs.
Sur Moulis, 30 km à côté, un couple de la même espèce a son nid 150 m à droite du décollage… depuis au moins 15 ans… bon, y’a pas non plus foule à Moulis…
Ensuite, ce qui me tue c’est les attitudes de gens qui arrivent partout en terrain conquis.
Ça peut être le cas de certains protecteurs des bestioles qui font ça pour de mauvaises raisons (par émotivité qui n’a rien à voir avec l’écologie, par dépit de l’humain…). Mais c’est très souvent le cas aussi des pilotes qui se contentent de ricaner en disant que non, on ne saurait causer aucun dérangement.
Les parapentistes sont comme les chasseurs, qui veulent leur petit domaine réservé où ils sont les maitres.
Et beaucoup de pilotes rejoignent l’attitude du “ravi” provençal en interprétant anthropomorphiquement et à leur sauce les comportements des rapaces. Les évidences sont pourtant souvent trompeuses.
On ne peut pas déduire automatiquement telle cause de tel comportement.
La plupart du temps il est faux de dire qu’ils recherchent notre compagnie. Ils sont là où peut se trouver de la nourriture et là où on trouve de bonnes conditions de vol… ils ne viennent pas voir si notre aile est jolie ou si on a changé de casque, ni nous faire coucou. Et s’ils se placent un moment sur notre bord d’attaque, ce n’est pas pour nous accompagner mais c’est parce que c’est sympa (= moins fatiguant) d’y profiter d’un peu de dynamique…
Ils peuvent être agressifs, j’ai personnellement été attaqué au visage par un milan à Douelle, une buse a déchiré plusieurs ailes sur Arbas.
S’ils font de la voltige dans le thermique, ça ne s’adresse pas à vous, c’est pas pour vous dire “youpi, youpi, je suis content de te voir !”… Et ainsi de suite. Il faut essayer de se mettre dans leurs propres contraintes et logiques plutôt que dans les nôtres.
De l’autre côté, le vol libre peut aussi avoir un impact positif sur la reproduction des rapaces, ce n’est pas impossible mais plus de données sont encore nécessaires.