Moi aussi je vole beaucoup et les conditions ne sont pas toujours propices pour écrire ses mémoires en vol, bref on les qualifie de “toniques” quand on sait voler dedans et de malsaines quand on se fait des chaleurs.
J’ai appris à voler avec Pierre-Paul Ménégoz, j’ai fait 4 stages de pilotage avec David Eyraud et je suis quasiment toujours d’accord avec Marc, Patrick, Choucas et Triple Seven, et avec Mézigue bien entendu, autant dire que j’ai sauté au plafond quand j’ai lu qu’un pilote s’accroche à ses élévateurs quand les conditions lui semblent turbulentes.
Cela revient à se cramponner au guidon ou au volant quand cela part en sucette au niveau des pneus ou du cadre, ce qui est la meilleure façon de se casser la gueule.
Il faut lire et relire les ouvrages de Pierre-Paul et s’imprégner de son immense expérience et de sa pédagogie.
En turbulence, quand la voile se met à danser la gigue ou le rigodon, ou le twist, ou le tango argentin (selon votre culture de la danse), toute raideur va immanquablement mettre la partenaire (la voile) à contre-temps, bref c’est la cata.
Voler bras hauts permet certes à la voile de garder de la vitesse et cela éloigne le décrochage, mais QUI A PEUR DU DECROCHAGE ?
Pas moi en tout cas, d’abord parce que j’ai appris à le déclencher, à le gérer et à en sortir proprement. On se fait bien secouer mais quand on temporise l’abattée de sortie au bon moment et comme il faut cela ne constitue qu’un vrac presque banal.
QUI A PEUR DE PRENDRE UNE GROSSE FRONTALE ?
Pas moi en tout cas, et si la première m’a laissé un souvenir stressant ce n’est que parce que c’était sur une rentrée de vent violente qui avait mis tout le monde à la rue, même Pierre-Paul, sauf que lui avait les moyens techniques de pilotage que je n’avais pas (et que je n’aurai sans doute jamais).
C’est cet incident de vol mahousse qui me fit faire mon 1er SIV.
Des grosses frontales, on en encaisse parfois en vol thermique, notamment quand on bute sur la descendance d’un thermique velu. C’est toujours un coup d’adrénaline mais maintenir la voile en vol est évident… quand on réagit en permanence et en temps réel à ses mouvements et aux informations transmises par la sellette et les freins, et qu’on sait temporiser au bon moment une grosse abattée.
QUI A PEUR D’ENCAISSER UNE GROSSE ASYMETRIQUE ?
Pas moi en tout cas, parce que quand cela arrive c’est en conditions de “pilotage actif” comme dit David Eyraud, la main concernée a gardé le contact et le contre-sellette a déjà bloqué la fermeture. Le risque de cravate est toujours là mais comme ma Diamir vole très bien avec une cravate cela ne me perturbe pas plus que ça.
C’est en sortie de déco que le risque de partir en autorot sur fermeture montre les dents, quand les pilotes inconscients se cramponnent aux élévateurs pour s’installer dans la sellette, s’interdisant par là-même la possibilité de piloter. J’en ai déjà vu se croûter vilain sous le déco, quelle connerie !
Un pilote qui a peur des divers incidents de vol qu’on peut encaisser en vol thermique devrait se poser des questions et revenir aux fondamentaux. Croire avoir “trouvé” dans son quant-à-soi une solution “miracle” qui ne marche jamais sera la meilleure façon de se mettre une grosse mine et, en cas de survie en état acceptable, de renoncer au parapente.
Je ne donne jamais de conseils mais je suggère parfois à ces gens-là de se déciller (*) les paupières et donc de s’inscrire à un stage SIV.
Je termine avec une connerie très sérieuse (oh le bel oxymore !) : se cramponner aux élévateurs n’est acceptable, de mon point de vue, que très brièvement et en conditions calmes pour se soulever le cul de la sellette et libérer un pet qui tortillait les entrailles.

(*)
L’Académie française a entériné stupidement une faute sémantique, en orthographiant “dessiller” l’action de découdre les paupières des faucons de chasse, passée dans le vocabulaire courant pour nommer au sens figuré l’action d’ouvrir les yeux que les conditions antérieures avaient tenus fermés. Or le mot vient de “cil”, et donc du verbe “ciller” qui signifie “battre des cils”. C’est La Fontaine qui introduisit l’expression “ses yeux se sont décillés”, en commettant une faute d’orthographe et de champ sémantique, d’où le suivisme des vieilles barbes de l’Académie.
C’était la minute pédante de la cuistre du forum.