:affraid: :affraid: :affraid: :affraid:
Vieux/Jeunes : débat saignant.
Comment en est-on arrivé là ?
Il semblerait que tout le monde soit mécontent et que ce ne soit la faute de personne.
Après tout, les fameuses 30 glorieuses n’étaient pas une époque facile. Certes tu bossais si tu le voulais, mais pour un salaire basique qui n’était guère plus élevé qu’un RSA actuel. Et les durées de travail à l’année étaient plus longues.
Les gens n’avaient presque rien si l’on compare au niveau de consommation actuel.
En plus, c’étaient des années d’une grisaille épouvantable en terme de mœurs et de morale. La France étouffait sous DeGaule comme elle a étouffé sous Pompidou et Giscard bien que celui-ci se soit réclamé du parti de la jeunesse et de l’audace !
Beaucoup de jeunes de ces temps-là se sont privés de tout pour que leurs enfants vivent mieux qu’eux… Et les illusions s’écroulent, même si elles ne sont pas complètements abattues.
Mais l’économie est une chose. Ce qu’il y a dans nos têtes en est une autre (même si les deux sont liés). Il est étonnant de voir des gens qui souvent ont été élevés dans une grande liberté (les “vieux” actuels), engendrer des enfants qui produisent une morale et des manières de vivre en régression sur le simple plan de la gaieté et de la liberté intellectuelle.
Il n’y a qu’à voir l’importance que prend la famille actuellement, au détriment du projet collectif. Comme si plus personne ne voulait (car c’est bien d’une décision qu’il s’agit) croire à l’individu et au social ; comme si nous retournions volontairement au système clanique.
Est-ce que les vieux actuels sont une classe grandissante de vampires qui ne veulent que dévorer à leur profit l’énergie des jeunes qu’ils auraient mis au monde pour les faire travailler pour eux, afin de pouvoir continuer à faire la fête ?
Est-ce que les jeunes modernes ne sont que des poupons ridés, des êtres trop élevés dans du coton et terrorisés par un monde qui s’est chargé de les abrutir pour mieux en faire des esclaves ?
Et si ces deux figures symboliques existent vraiment et recoupent la réalité, que peut être l’avenir qui se dessine ?
Qui a dit que ce n’était la faute de personne? Ceux à qui ont peut faire des reproches, ce sont déjà tous ceux qui reproduisent les vieux discours éculés sur la jeunesse qui n’est plus ce qu’elle était. C’est tellement facile d’imaginer que les problèmes apparaissent avec la génération qui les subit! Sauf que ça ne fait qu’inverser les rôles…
En quoi les enfants produiraient-ils une morale, comme tu l’écris? Quel contrôle ont-ils sur la société? Est-ce que tu penses ça sérieusement? Comment peut-on imaginer que la société soit façonnée par ceux qui ont le moins de contrôle sur elle, et pour lesquels elle est de moins en moins adaptée?
Quant aux difficultés des 30 glorieuses, laisse-moi rire, là encore je trouve pas ta réponse très sérieuse:
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tu compares les niveaux de consommation… Mais qui profite essentiellement du niveau de consommation actuel? Qui a le pouvoir d’achat? Les jeunes ou les retraités?
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tu compares les salaires, mais ça ne veut rien dire si tu ne parles pas des prix, de l’inflation qui a permis à énormément de gens de devenir propriétaires, du confort du plein emploi, etc.
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surtout, ça ne rime à rien de comparer les salaires ou la consommation: ce qui a un véritable impact sur la mentalité d’une population, c’est pas son état de bien-être à un instant t, mais l’évolution de son bien-être. Et pendant les 30 glorieuses, les perspectives qui s’offraient aux jeunes étaient plutôt réjouissantes (à une exception près: la bombe atomique, qui n’est désormais plus qu’un péril parmi d’autres…): croissance, plein emploi, responsabilités, bref un monde qui les accueille à bras ouverts, ça a de quoi donner confiance pour chercher la liberté et essayer de briser le carcan de De Gaulle, Pompidou et consorts…
Tu grossis le trait en parlant de vampires, je n’ai jamais dit qu’il y avait une intention, même collective, derrière cette évolution. Mais c’est un fait que le monde et la société sont le produit de la génération qui en a eu la charge, et ce ne sont pas les jeunes!
Je vais te donner un exemple bien concret de la manière dont ça se passe, sans intentions malsaines mais par le jeu de l’intérêt collectif d’une génération entière: le débat très actuel sur les retraites, ça fait combien de décennies qu’on le repousse? Depuis des 10aines d’années, on sait bien que le problème démographique se rapproche et que certains (je te laisse deviner qui…) paieront cette attente au prix fort. Et comme par hasard, quand est-ce que le problème est abordé de front? Quand est-ce qu’on n’hésite plus à renoncer à nos acquis parmi les plus importants? Quand la génération entière qui est intimement liée à ce problème (par son grand nombre et le peu d’enfants qu’elle a produits) a globalement pu passer entre les gouttes! Et on arrive à une situation où les plus précaires, les moins installés dans la vie (et certains diront les plus “précieux” pour la société, puisqu’ils représentent son avenir) paient pour les plus aisés, tout en devant supporter leurs éternels reproches.
Une chose est sûre, si demain on devait assister à une guerre des générations, quel que soit mon âge, je sais quel sera mon camp! :mrgreen:
euh … j’ai un doute pour intervenir ici…
a partir de quel age on est vieux ? :grat:
@Mathieu
Binf, j’ai pas l’impression d’avoir dit tout ce que tu dis que j’ai dit ! Mais c’est pas important…
Sur la “production” d’une morale :
pour ce que j’en perçois, par exemple les trentenaires (donc enfants des vieux actuels) de la classe moyenne n’envisagent plus une existence possible sans acheter leur logement. Il leur faut être propriétaire avant de commencer leur vie, comme si être locataire toute son existence était inenvisageable.
Ce mode de pensée, s’il est réel et si ce n’est pas seulement l’effet de mon imagination (j’essaie de prendre toutes les précautions), a de véritables implications en termes de mode de vie et de “morale” au niveau global d’une société (dévalorisation du locataire, mépris de ceux qui ne considèrent pas que le logement c’est important, stigmatisation de ceux qui refusent de faire de la maison un signe de réussite, mobilisation de l’énergie des individus, etc).
Certes on peut discuter de qui a mis dans la tête de ces jeunes qu’être propriétaire était quelque chose de forcément positif et indispensable et que ça les mettait “à l’abri”, mais on peut aussi s’étonner de l’absence importante d’esprit critique face aux schémas publicitaires de ce type, alors que les outils pour penser le monde sont à disposition de tous.
Sur les glorieuses :
tout ça a du être étudié, mais voyons…
Combien en 1960 fallait-il de mois de SMIG pour se payer une Renault 4 L ?
Que “possédait” en 1960 un adolescent des classes populaires supérieures ou des classes moyennes ? Avait-il des vêtements de marque ou portait-il ceux de son grand frère ? Avait-il un ordinateur, un téléphone portable, un scooter, une console de jeux ? N’avait-il pas seulement un vélo ou une mob d’occase et au mieux un séjour en colonies de vacances ?
Les travailleurs des classes moyennes de l’époque n’ont-ils pas choisi de consacrer presque tout leur budget à l’accession à la propriété ? Et ceci n’a-t-il pas été permis principalement par un accès au crédit facilité par le “plein” emploi ?
Les jeunes des classes moyennes actuels accepteraient-ils de travailler autant et pour aussi peu de consommation que les jeunes des classes moyennes de 1960 ?
Enfin je cite ça
juste pour dire que je n’ai jamais dit que tu avais dit, etc. Oui je grossis le trait parceque ce sont des choses qu’on entend et que je me demande quelle est la réalité derrière. Mais je ne parlais ni de toi ni de personne précisément…
Désolé, j’ai peut-être mal interprété certains passages de ton message.
Mais concernant la volonté d’accession à la propriété, je n’ai pas le même ressenti que toi. D’une part, je pense que le rêve d’être propriétaire était tout aussi présent et généralisé à l’époque de nos parents, et d’autre part je vois plein de bonnes raisons qui peuvent pousser les jeunes d’aujourd’hui dans cette direction. Toutes sont en rapport avec un besoin de sécurité, parce que le monde dans lequel on vit est, ou du moins paraît moins sûr. On parlait de la retraite, ben le fait de douter d’y avoir droit un jour peut motiver à posséder son toit…
Ca n’a rien à voir avec le bien-être matériel, mais avec son évolution. Et je crois que c’est là qu’on diverge le plus: tes comparaisons (4L, ordi, etc.) sont sans doute parfaitement fondées, mais qu’est-ce qui va le plus influencer une génération: le fait de posséder tel ou tel bien, ou alors le sentiment d’une progression (économique, sociale, etc.) ou d’une régression? Dans les années 60, se payer une 4L c’était énorme, comme la 1re télé, etc., parce que la société donnait l’impression de progresser (croissance, confort, libertés…). Aujourd’hui, c’est pas une Wii ou un scooter qui va compenser l’impression de régression, d’échec et de renoncement qui se dégage de n’importe quel journal télévisé (à part ce gentil JP Pernaut, qui fait de son mieux pour donner l’illusion aux plus anciens que le monde n’a pas changé).
Un autre point sur lequel on n’est pas d’accord je crois:
[quote]Les jeunes des classes moyennes actuels accepteraient-ils de travailler autant et pour aussi peu de consommation que les jeunes des classes moyennes de 1960 ?
[/quote]
Même si le constat est peut-être vrai, le simple fait de poser cette question établit àma un jugement sans s’interroger sur la cause. Ces jeunes si feignants et avides de consommer, est-ce qu’ils sont comme ça à cause d’une tare générationnelle ou parce que la génération précédente les a élevés comme ça? Est-ce que la manière dont leurs parents se sont plongés dans la consommation (et le travail pour l’assumer) n’est pas liée à ça? Est-ce que les parents qui compensaient leurs nombreuses heures de travail en gâtant leurs enfants ne font pas partie du problème?
C’est vraiment ça qui me choque dans le discours sur les jeunes: à entendre ceux qui les critiquent, on a l’impression que les nombreux défauts qu’on leur reproche sont tombés du ciel. Pour moi, c’est juste une manière de se défausser. Et même si ça a sans doute toujours été comme ça, je trouve que c’est de plus en plus le cas. Toujours la même chose, quoi: ce sont les plus faibles qui servent de bouc émissaire.

Il faudra bien qu’on en finisse, c’est vrai, avec les clichés, on foutait les gens à la porte de chez eux sur un coup de tête par exemple, on les licenciait aussi facilement, c’est peut être pour tout ça que certains appellent encore ces années “glorieuses”, elles l’étaient surtout pour les industrielset les investisseurs, par pour tout le monde, c’est clair .
Alors que certains peuvent penser que les jeunes paient actuellement le laxisme et l’avidité de leurs pères, je serais plutôt enclin à penser que les lois sociales ont carburé à fond (même si on part du principe que c’est toujours insuffisant ) depuis cette pèriode et des luttes sociales continuelles ont amené quand même des avantages incontestables, à l’heure actuelle, il faudrait peut être en faire le bilan et tirer les conclusions sur les veritables avantages des biens matèriels et des progressions sociales; on dirait que les nouvelles générations n’en ont pas conscience et se sentent mal dans leur peau, est ce qu’elles ont les moyens d’en trouver les causes, j’en suis sûr, mais la lucidité n’a jamais été une chose trés répandue et bien sûr, il est bien plus facile de trouver des boucs émissaires que de comprendre la vraie origine du mal , cherchez plutôt dans l’idéalisation du bien matèriel et de l’insatisfaction perpetuelle .
Les Stones avaient déjà tout compris quand ils crachaient "I can’t get no ", je vous conseille vivement de lire les paroles . Et aujourd’hui Souchon nous parle de "foule sentimentale, faut voir comme on nous parle …;On nous Paullousulitzère, on nous Claudiaschiffère …
Humour:
On pourra pas dire qu’on vous l’a pas expliqué les jeunes, mais vous n’écoutez pas vos parents, vilains garnements, vous avez encore tous craqué des fortunes pour vos Iphones et vous êtes malades en regardant les baraques des people, y’a vraiment plus rien à faire pour vous :grrr2:
( je me marre un peu, c’est limite second degré, mais bon…Pour certains, c’est un peu… beaucoup vrai, mais heureusement qu’on rencontrequand même pas mal de gens supers de tous les âges !) :mdr:
J’ai pas tout suivi, mais quand tu cites les Stones et l’insatisfaction perpétuelle, je suppose que tu ne les considères pas comme des jeunes?!? :grat:
Exact, mais comment se fait-il qu’on ne remette jamais en cause ce besoin de progression lui-même ?
Pourquoi ne pense-t-on jamais une société de satisfaction plutôt qu’une société de croissance ?
Pourquoi ne s’intéresse-t-on pas plus à la progression des libertés, des relations humaines, du temps libre, des connaissances, etc ?
Par exemple, je roule dans un vieux break diesel. Qui a besoin de plus ? La seule progression qui m’intéresse c’est d’avoir un moteur qui pollue moins. Mais à la campagne je consomme 5l/100. Combien de voitures actuelles équivalentes font mieux ? Pourquoi je m’angoisserais pour pouvoir me payer une voiture neuve ?
Ce qui m’intéresse c’est qu’on fasse des véhicules électriques alimentés en électricité produite proprement et qui en plus soient entièrement automatiques (tu leur dis l’adresse du décollage et ils t’y emmènent…).
Ma question est toute bête, pourquoi les gens se saignent-ils à acheter des voitures neuves ? Comment ces discours-là marchent-ils encore ?
Justement, on pourrait arrêter ces processus et analyser comment on en est arrivé là pour proposer autre chose.
J’adore les paradoxes. Je suis le premier à dire que la jeunesse n’est plus ce qu’elle était et pourtant je sais très bien que les vieux le disaient déjà à l’époque d’Henri IV.
On ne nous y reprendra plus qu’ils disaient
http://www.youtube.com/watch?v=oUbGLVvfB7Y&feature=related
Meet the new boss, same as the old boss
Ah bah là je suis complètement d’accord avec toi! Le problème, c’est que si tu es jeune et tu remets en cause ce besoin de croissance, etc., qui est-ce qui va s’empresser de te traiter de feignant, de dire que les jeunes sont démotivés, trop gâtés etc.? C’est JP Pernaut et ses amis!!! :mrgreen:
Bon, je rigole mais je crois que le sujet est super important: on n’est pas près d’arriver à changer ça parce que ça revient à remettre en cause le fonctionnement et les privilèges de tous ceux qui détiennent les clés de la société, et qui ont des réflexes de classe (ou de génération) assez prévisibles: ils défendent leurs intérêts.
Quant à avancer des solutions, pour moi elles passent forcément par la politique, qui doit parvenir à résoudre des problèmes centraux comme le chômage des jeunes. On verra bien, mais j’ai bon espoir que 2012 nous amène de nouvelles têtes un peu plus réjouissantes…
[quote]J’adore les paradoxes. J
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Ha! si jeunesse savait … et si vieillesse pouvait ! 
[quote]combien de thésards (+8) pointent chez Mac Do?
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:grat:
pour bouffer ou pour faire des hamburgers, parce que si c’est pour faire la bouffe, y’a pas à tortiller avec un bepc ou un bac+8, les burgers sont tjrs aussi dégueulasse!!! :mrgreen:
Ben si justement
a l’époque où ils le chantaient …Mais il faut connaître les paroles pour comprendre cette allusion qui voulait simplement faire référence aux vraies origines du désenchantement, de la frilosité actuelle et du manque généralisé de gniaque pour changer les choses ; pour moi ça n’a rien à voir avec une guerre vieux/jeunes, c’est juste qu’il y a eu une lutte depuis le départ avec ces fameuses années 60/70, mais tout se passe comme si le courage de certains pour le changement n’avait pas produit autant d’effet sur notre société, les vrais vainqueurs ont finalement bien étés ceux qui brossent les gens dans le sens du poil en leur promettant un téléphone portable pour tous (c’était la machine à laver à l’époque …) .
C’est un peu triste, doit on vraiment penser que la grande majorité préfère subir la tonte de sa laine et ne constitue finalement qu’un immense reservoir à fric pour les plus futés qui savent les exploiter par leur intelligence et leurs valeurs (travail acharné pendant les études, esprit de compétition, culte de la communication, développement de réseaux à intérêts financiers communs, aisance dans tous les milieux par l’apprentissage des codes de savoir vivre, d’honneur, de culture générale, de bienséance et j’en passe …) qui leur permettent de se reconnaître et de se differencier des contre valeurs de masses plus tournées vers les plaisirs immediats et sans lendemain aux principes moraux et échelles de valeurs bafouées dans la franche et sympathique rigolade des soirées de cuite ; bref les révolutions culturelles assoiffées de liberté ont un peu compliqué la donne en disant d’abord: “il est interdit d’interdire” et en faisant confiance ensuite à l’esprit humain qui devait forcément avoir assez de lucidité et de générosité pour assumer cette liberté en s’élevant, les mains des uns dans les mains des autres (pfffff…Je pouffe ) pour l’instant la preuve n’a pas encore été donnée qu’ils aient eu raison, il suffit de voir les scores des emissions de télé réalité :mdr:
Il y a encore beaucoup de rivières à traverser ( Jimmy Cliff l’a bien chanté…) , en attendant, on peut voler, c’est déjà pas mal :ppte:

Pour l’histoire des retraites : A l’époque personne ne s’en souciait, peut être parcequ’on atteignait plus difficilement l’âge d’en profiter aussi et de toutes façons, on pensait que c’était comme ça, point barre ; c’est sûr qu’aujourd’hui, sachant qu’on va peut être vivre encore 40 ans aprés, c’est différent :mrgreen: Je pense aussi que cette réforme n’était pas facile à mettre sur le tapis, vous en connaisez beaucoup des français qui sont contents de bosser plus longtemps :mrgreen: Il fallait attendre que l’opinion publique, la grande masse des français de base comprenne réellement que personne ne pourrait plus toucher assez s’il y a trop de peu de gens qui bossent , ça parait évident comme ça, mais c’est trés difficile à faire admettre, en tous les cas, c’était comme ça jusqu’à maintenant , … et encore … :roll:
Je suis toujours fan de ce morceau !
Ils ont dit aussi "hope I’ll die before I get old ", ils ne savaient pas qu’on peut ne jamais devenir vieux ( dans sa tête …)
:bu: :dent:
Mouais, je trouve que ce que tu écris sur les retraites contredit un peu ton passage sur la lucidité et tout ça. Tu crois vraiment que le débat survient maintenant parce que les gens ont mis tant d’années à comprendre? Là je crois vraiment que tu prends les gens pour des débiles. Clairement, on le sait tous depuis longtemps qu’on n’échappera pas à une réforme, sauf que la plupart préfèrent ne pas y penser pour avoir le temps de se mettre en sécurité avant tout changement.
Et ce que tu présentes comme évident, c’est surtout ce que le gouvernement et le patronat ont présenté comme des évidences. Marrant, après avoir parlé de la majorité qui se fait tondre… Concernant l’espérance de vie par exemple, ils ont mélangé les chiffres entre l’espérance de vie à la naissance et à la retraite, qui sont pas les mêmes. Moi ce qui me parait une évidence, c’est que ce sont encore les plus faibles qui se font enfumer (ouvriers, parce que c’est eux qui subissent la vraie injustice de la réforme, et jeunes, à qui on refuse l’accès au marché du travail et qui doivent cotiser plus longtemps).
Ce qui est pour toi une évidence, c’est que le système de retraites créé à peu près pour une génération qui a tout eu disparaisse avec elle, sans que ses bénéficiaires en paient le coût! :roll:
Je l’avais déjà cité dans un autre post, mais je crois qu’une piqûre de rappel s’impose:
[quote]Sept fractures générationnelles
(…)
Le premier élément concerne la répartition du pouvoir d’achat (…). En 1975, les salariés de cinquante ans gagnaient en moyenne 15 % de plus que les salariés de trente ans, laissant ainsi peu de marge à la valorisation de l’expérience et de l’âge, les jeunes d’alors bénéficiant de salaires de départ élevés du fait de vingt années de plein emploi et de contraintes fortes pour les employeurs. Aujourd’hui, l’écart est de 40 % : les fruits de la croissance économique, faible depuis 1975, ont été réservés aux plus de 45 ans. La lecture en termes de générations permet de comprendre que les jeunes valorisés d’hier sont devenus les seniors favorisés d’aujourd’hui, par l’ancienneté.
Le deuxième facteur affecte le progrès de la structure socioprofessionnelle. En moyenne, d’années en années, les cadres et les salariés porteurs d’une responsabilité reconnue ou d’une expertise valorisée continuent de croître, même depuis la “crise”. Cette croissance est consubstantielle à notre représentation du progrès social. Pourtant, chez les salariés de trente ans, la proportion d’emplois qualifiés est la même aujourd’hui qu’en 1980, sans progression sensible : pour l’essentiel, l’expansion des cadres est portée par la dynamique des quinquagénaires. Plus finement, les générations nées entre 1945 et 1950 sont situées sur la crête d’une vague montante de cadres qui s’étiole pour les puînés. Les générations en pointe, les premiers nés du baby-boom, ont bénéficié de la forte croissance scolaire du début des années soixante et profité ensuite de la dynamique extraordinaire pour l’emploi des jeunes dans la période 1965-1975 : développement d’EDF, du programme nucléaire et de l’aérospatiale, rattrapage du téléphone, extension de la couverture de santé à l’ensemble de la population, montée en puissance de la communication de la publicité et de la presse, etc.
Le troisième enseignement relève d’un effet de rémanence : pour une cohorte donnée, la situation à trente ans conditionne les perspectives à tout âge ultérieur. Pour ceux qui n’ont pas fait leur place à trente ans, il est trop tard et les conditions sociales se figent. Les premières générations qui ont subi à plein le ralentissement économique, les générations nées à partir de 1955 et qui ont eu vingt ans alors que le chômage de masse s’étendait sur ceux qui n’étaient pas à l’abri, conservent encore aujourd’hui les séquelles de leur jeunesse difficile, alors qu’ils ne sont plus en rien des “jeunes” en attente d’une place définitive dans la société. Il est donc préférable, pour toute la vie ultérieure, d’avoir vingt ans en 1968, lorsque le taux de chômage dans les deux ans de la sortie des études est de 4 %, qu’en 1994, où ce taux culmine à 33 % !
La quatrième leçon est que les chances de promotion sociale ont connu un revirement. Les parents des soixante-huitards ont connu un sort difficile : ils sont nés autour de 1910-1915. Un quart d’orphelins précoces, un quart d’enfants d’invalides, une jeunesse dans la crise de l’entre-deux guerres, puis la seconde guerre mondiale. La reprise des Trente glorieuses (1945-1975) les attend, mais ils ont déjà 36 ans lorsque le système de retraite par répartition est créé, exigeant 35 années de cotisations pour une retraite complète, un contrat pour eux impossible. Pour beaucoup, cela a signifié une vieillesse misérable dans une société où les jeunes s’enrichissaient. Par rapport à ses parents, l’ascenseur social a fonctionné à plein régime pour la génération née vers 1945. Pour leurs propres enfants, nés vers 1975, ces conditions d’ascension sociale sont plus souvent compromises, puisque ces jeunes d’aujourd’hui sont les enfants non plus d’une génération sacrifiée mais d’une génération dorée. Pour eux, le risque psychologique est celui de l’intériorisation d’un échec en apparence personnel, qui résulte en réalité d’un mouvement collectif invisible.
Le cinquième constat est que, pour la première fois en période de paix, la situation de la génération qui suit est plus difficile que celle de ses parents. Malgré la reprise économique de ces dernières années, le taux de chômage dans les deux ans qui suivent la sortie des études est encore de 20 %, soit quatre ou cinq fois plus élevé que celui de leurs parents au même âge. Trois années de reprise ne peuvent corriger intégralement vingt-cinq années de déstructuration de fond du tissu social.
Le sixième point est celui de la transmission de notre modèle social aux générations futures. En apparence, les systèmes complexes de solidarité collective que l’on rassemble sous le nom d’Etat-providence changent avec le temps du calendrier, alors qu’ils sont en fait des phénomènes générationnels. Lorsqu’en 1945, 35 annuités ont été exigées pour une retraite pleine, on a peu ou prou exclu l’essentiel des générations nées avant 1915, qui n’ont en réalité jamais beaucoup bénéficié de la solidarité ; ces générations sont restées marquées par une polarisation interne entre les couches sociales privilégiées et le prolétariat industriel. Celles nées de 1920 à 1950 ont bénéficié du providentialisme, et de droits sociaux protecteurs et redistributifs croissants, propices à une moyennisation des conditions et à l’émergence d’une classe moyenne massive. Aujourd’hui, les jeunes sortent de l’école autour de 21 ans, perdent deux ou trois années au chômage sans indemnité ou dans des activités informelles, et ne commencent à cotiser véritablement qu’autour de 23 ans. Evidemment, les conditions sont plus faciles pour la fraction de la jeunesse qui passe avec succès les épreuves malthusiennes de la sélection de l’excellence scolaire ou économique, mais exiger 40 années de cotisations comme aujourd’hui, 42 ans pour la proposition du rapport Charpin au Plan, voire 45 selon la suggestion du Medef, revient à allumer une bombe à retardement démographique qui pourrait exploser à partir de 2015, où les candidats à la retraite sans cotisations suffisantes se multiplieront. Pour beaucoup, le chômage de longue durée a, d’ores et déjà, retiré toute perspective de remplir le nombre requis d’annuités, et, dans les années prochaines, les cotisants insuffisants seront nombreux qui ne pourront prétendre à ce qui, quelques années plus tôt, semblait si naturel : une retraite décente à la fin de la vie de travail. Ainsi, des pans entiers de l’Etat-providence dépendent des conditions ouvertes aux générations. Pire, pour les nouvelles générations, on distingue clairement que le projet social des Trente glorieuses, l’intégration de tous dans une grande classe moyenne, se délite peu à peu, avec la reconstitution d’une catégorie non-qualifiée, soumise à un choix s’apparentant parfois à un chantage : entre le sort du travailleur pauvre et celui du sans-statut ou du sans-domicile, autrement dit, entre l’exploitation et l’exclusion.
L’instruction de ce procès se clôt ici par une septième section, concernant le problème de la transmission, non pas patrimoniale mais d’une autre nature. Le déséquilibre de la représentation politique se mesure à un indice clair : en 1982, l’âge moyen du représentant syndical ou politique était de 45 ans, et il est de 59 ans aujourd’hui (un fait que Maxime Parodi est le premier à avoir décrit). Un vieillissement de 14 ans en 18 années de temps correspond à une situation d’absence presque parfaite de renouvellement : les quadras des années quatre-vingt s’apprêtent à être les sexas des années zéro du xxie siècle. Une génération socialisée dans un contexte spécifique, celui de la fin des années soixante, hautement favorable à une entrée précoce en politique, s’est installée peu à peu dans les plus hautes fonctions, pour s’y stabiliser. Les députés de moins de 45 ans représentaient 29,5 % de l’assemblée en 1983, et seulement 12 % en 1997. Ce n’est pas une simple question d’âge du capitaine, sinon l’argument tomberait assez vite ; ce vieillissement laisse doublement songeur quant à la représentation de l’ensemble des populations et à la capacité du système à former ses futures élites dirigeantes. Il pourrait s’agir d’une autre forme de parité, en termes de génération, nécessaire à la prise en compte de la diversité des intérêts. Il faut s’interroger sur le legs et la transmission politique : les décisions de long terme sont prises plus souvent par des personnes dont l’horizon temporel limite leur capacité à en assumer les conséquences. Il n’y aurait aucun problème, si la sagesse et l’empathie permettaient à chacun de prendre en compte le sort de l’autre et du " prochain " à tous les sens, mais la génération des enfants favorisés de l’abondance des Trente glorieuses devient progressivement la génération des grands-parents gâtés du début du xxie siècle. Pire, le vieillissement actuel du corps politique, qui a pour parallèle celui de l’encadrement des entreprises, se développe dans des conditions où rien n’est préparé pour assurer une transmission. Il est à craindre que, tôt ou tard, ce moment vienne, avec d’autant plus de violence que rien n’a été fait pour l’anticiper, mais que tout a été mis en œuvre pour retenir le plus longtemps possible le mouvement irrésistible du temps.
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Désolé, c’est long, mais je crois qu’il y a qq points intéressants là-dedans.
Désolé, c’est long, mais je crois qu’il y a qq points intéressants là-dedans.
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Désolé, aucune contradiction au sujet des retraites et du reste , tu as peut être dû mal comprendre ou bien je ne suis pas un cador de l’ecriture …
Je trouve le texte cité franchement polémique, l’auteur a plus pour objectif de faire aboutir une théorie, (celle en l’occurence de ceux qui on tout eu, suivis de ceux qui ont donc été spoliés par leurs précédents, ce qui me semble une énormité absolument ubuesque ) que de comprendre le monde qui l’entoure .
Même si ses chiffres pouvaient se suffire à eux mêmes, ils ne font pas tout et en recentrant le débat sur le fait d’envoyer du bois dans la vie , dans ses projets personnels et de société, on se retrouve avec le même problème , si la theorie du “c’est pas moi, c’est les autres avant” était vraie pourquoi ne serait on plus capables aujourd’hui d’ouvrir les yeux, d’éteindre sa télé, d’aller boire un coup avec ses potes plutôt que de taper comme moi connement sur son clavier, d’adopter des tenues provocantes (va trouver un jeune aujourd’hui pour se ballader en lunettes rondes, pantalons pailletés sérrés et chemises indiennes de toutes les couleurs, talons de 10 cm sous les pieds ROTFL ) bref de faire péter tous les codes …
Cette “accusation” rejoint une fois de plus la déresponsabilisation (c’est pas ma faute c’est la faute des vieux qui m’ont tout piqué …) et appuie encore la théorie bien plus crédible de la crétinisation, staracademisation, nikisation, Iphonisation de la masse qui a tant été combattue dés ces années 60 mais que rien n’a pu empêcher, pas besoin de si longs discours et je suis sûr de ne pas être le seul à le ressentir, j’ai ressenti à la lecture de ce document une sorte de nausée , un mal être , l’auteur doit être bien malheureux et je compatis mais je n’ai pas envie de le suivre sur ce terrain, je préfère de loin m’imprégner des lectures de ceux qui respirent le bonheur, ils ont bien plus à m’apprendre et me réveillent plutôt que de m’endormir .
Tout cela trés amicalement et avec un gros sourrire bien sûr (je me méfie , sachant que sortir du consensus peut déstabiliser et mettre en colère des personnes qui ne veulent plus s’atteler à se remettre en question vu le boulot assez chiant à faire, il est vrai , je leur dit déjà que je les comprends ).
j’aimerais bien lire un de ces écrits qui explique en “transpirant le bonheur” qu’on va travailler jusqu’à 70 ans … dés fois que moi aussi, je transpire de bonheur en le lisant, sait-on jamais.
Bah, il suffit de pas lire de bouquins qui en parlent, t’as raison :mdr: :mdr:
Et puis, tu sais, de toutes façons, comme tout le monde le sait, ça dépend beaucoup du boulot , si ton boulot te plaît, c’est déjà plus facile …
Tiens pour vous remonter le moral, voilà comment exorciser vos angoisses existentielles (note qu’à l’époque, c’était 40h la semaine :mdr: ) Un bon coup de rigolade et tout va mieux :mdr: :mdr: :mdr: :mdr: :mdr:
http://www.dailymotion.com/video/x1hlgp_clip-video-les-charlots-merci-patro_music
Bon
too bad, je sais , on ne peut plus rigoler avec tout, franchement désolé, Coluche tu nous manques tant ! Reviens les faire rire, ils sont tristes à en mourrir :bang: , On dirait qu’on leur a confisqué leur playstation :oops: :affraid: