Il y a des progrès importants à faire sur le retour d’expérience.
Des situations comme ce terrible accident du col des limouches devraient plus souvent être utilisées à bon escient pour communiquer. Malheureusement le tabou autour des accidents n’aide pas le retour d’expérience à se faire. Mais, je suis persuadé que cela pourrait participer à sauver des vies. Regrouper l’information est une bonne chose, mais pas suffisante. À mon avis il faut communiquer ouvertement sur ces exemples tragiques cela pourrait aider à éviter d’autres situations.
Différents accidents que j’ai vécu de plus ou moins prêt m’ont marqué et sont autant de jalons qui m’aident à construire ma pratique du parapente. Il est à mon avis dommageable que ces exemples ne soient pas repris plus efficassement que ça pour l’information des volants. Bien sûr ne pas tomber dans le voyeurisme, mais se limiter à de l’information qui constituerait une part de la formation peut être.
J’ai toujours su que les lignes électriques étaient dangereuses, mais les accidents mortels de St Quentin sur Isère et de St Hil donnent pour moi une importance supplémentaire à ce danger ; un autre accident grave puis mortel d’un jeune pilote en progression rapide à St Hil me rappelle régulièrement la nécessité de garder des marges vis à vis du matériel ; l’image d’une aile coincée quelques jours dans la falaise de la Dent de Crolles me rappelle à quel point un déco très facile peut cacher des pièges ; l’image de deux autres pilotes l’un traîné sur 2 m sous le vent du déco Sud de cette même Dent et l’autre frôlant la correctionnelle lors de son déco mal maîtrisé me rappellent que la promesse du vol pépère en soaring ne doit pas faire oublier la maîtrise technique nécessaire pour décoller dans le vent ; le souvenir du violent retour sol d’un pilote à Montaud et la vision de la plaie ouverte à son genou ont à jamais marqué en moi la nécessité de maîtriser son aile lors du gonflage, surtout quand le déco raide qui suit induit une prise en charge rapide et souvent irrémédiable qu’on soit en vrac ou pas ; l’image d’un même retour sol violent lors de la coupe Icare a donné une dimension supplémentaire à ce déco Sud pourtant maintes fois pratiqué et à gravé d’une autre façon ce que je savais déjà à propos de l’importance de garder ses commandes en main et/ou de ne pas bidouiller des trucs tant qu’on est pas complètement sorti du relief ; la vision de cette aile vissant à toute vitesse son autorot sur plusieurs centaines de mètres jusqu’à 100/200 m sol m’a lancer en plein visage les histoires régulièrement entendues à propos des réactions parfois très vives que pouvaient avoir des ailes à l’homologation pourtant modeste…
Tout ces événements ont marqué mes souvenirs à propos de choses que je savaient déjà, mais qui ont maintenant une importance différente. Tout ceci constitue une partie de “mon expérience” mais, cela ne devrait pas être que la mienne, cela devrait faire parti d’une expérience générale et cela devrait être mis en forme pour le rendre facilement accessible à tous les pilotes.
Peut être que cette très bonne série de vidéos de la fédé pourrait être complété par un volet accidentologie, avec des vidéos basées sur un accident concret et un explicatif argumenté par des moniteurs, détaillant les gestes essentiels pour éviter l’accident. L’exemple concret permettrait de ne pas laisser croire que les explications des gestes simples ne seraient que de l’enfoncement de portes ouvertes.
OK, cela révélerait un peu plus la face cachée de notre cher parapente, cela ne serait peut être pas très vendeur pour attirer de nouveaux pratiquants, mais si cela pouvait aider à sauver des vies et à mieux former les petits pioupious, je crois que le jeu en vaut la chandelle.