Ouaip, même Marc et moi, qui sommes ici les gardiens de la syntaxe et de l’orthographe, pouvons laisser passer une faute de frappe ou un “mastic” consécutif au fignolage du texte.
Nous ne commettons cependant jamais de ces fautes grossières d’illettrisme comme on en trouve à profusion dans les copies des élèves de collège et parfois même sous la plume d’écrivains réputés.
J’écrivis un jour à une auteure, que j’apprécie énormément : “(…) mais vous avez une petite faiblesse sur le passé simple des verbes en -uire, relevée dans les chapitres … de votre roman … que je viens de lire, avec un immense bonheur”.
Cette dame, agrégée de Lettres, eut le bon goût et la courtoisie de répondre à mon courrier.
Que les gens de peu de culture - qui nous jalousent peu ou prou - nous qualifient parfois de cuistres, Marc et moi, pour la qualité de notre style et de notre français, ne me fait pas sourire. Qu’on me vilipende ne me chaut pas le moins du monde, je continuerai à régaler les lecteurs avertis d’un style truculent et d’expressions parfois recherchées, Marc de même avec son style et sa culture.
Ne vous méprenez pas : nous écrivons bien mais nos textes sont toujours travaillés.
Nous sommes d’une génération qui connut des instituteurs compétents qui nous firent aimer notre langue, qui nous apprirent à bien lire et bien écrire. Là se situe - à mon sens - la grande plaie qui pourrit l’éducation de notre jeunesse depuis la “réforme Haby” à l’époque giscardienne.
Il y a certes encore des gens bien plus jeunes que nous et qui sont capables de bien écrire, il y en a, comme de la pomme dans la gnôle des tontons flingueurs.
Je ne commets jamais de fautes d’orthographe en allemand, en anglais ni en italien, langues moins tarabiscotées que le français et de ce point de vue beaucoup plus logiques.
Je pense que, quand on apprend une langue, on apprend en premier sa logique et sa syntaxe, le reste n’est que du vocabulaire et vient ensuite, avec la pratique et la mémoire visuelle.
Quand on apprend à parler une langue, on apprend d’abord sa musique, cela me semble fondamental. Je ne parlerai jamais correctement l’anglais faute d’avoir été capable de m’imprégner de sa musique, mon accent français restera aussi épouvantable que celui de Maurice Chevalier… ou de Chirac.
Une des autres calamités, qui produit des textes épouvantables, réside bien tapie dans les “correcteurs” orthographiques. Si un mot figure dans la banque de données, il est considéré comme “bon”, même si dans le texte il produit un non-sens du fait d’une faute d’orthographe ou d’une homonymie non contrôlée par l’auteur.
D’où les confusions apparentes entre par exemple “s’est”, “c’est”, “sait”, “scex” etc.
(pour la culture de mes lecteurs, le mot “scex” signifie “roche” et vient du latin “saxum” qui a donné en italien “sass” et “sasso”. A Martigny (VS), le Fendant “Sur les Scex”, du nom de la vigne d’où il provient -je l’ai vendangée en 1971 - est le meilleur que je connaisse).
