Quelques grains de sel d’une parapentiste-motarde ex-grimpeuse mais encore un peu alpiniste.
J’ai été vaccinée avec une aiguille de carburateur, mon grand-père maternel était motard (il s’est tué en moto en 52) et mon oncle aussi. Pour ma mère, la moto était donc un engin démoniaque mais les motos de jadis ne tenaient pas la route (enfin si, toute la route) et ne freinaient pas, on avait aussi sans cesse besoin de faire de la mécanique au bord de la route.
Le parapente n’était pas inventé.
Plus tard, les Japonais ont envahi le marché avec des motos fiables et confortables, puissantes aussi, malgré des tenues de route évoquant la jupe d’une fille dansant le twist.
Toujours pas de parapente.
Observons quand même que les voiles des années 80 étaient des engins à se tuer, avec des performances très modestes et une tenue d’air tout à fait folklorique. Le parallèle avec les motos anciennes me semble pertinent.
Comparons un piolet “super-Conta” de 1968 (j’en ai un) avec ce qui se fait actuellement : la technique d’escalade en glace n’est plus du tout la même.
J’avais fait en 1971 la face N des Courtes tout en piolet-ancre avec cramponnage latéral (à part Marc bien peu savent ce que c’est) et en 1972 pour le Triolet nous avions chacun 2 piolets, mais “à l’ancienne” (piolet-appui et pointes avant) et je ne vous raconte pas le plaisir dans le couloir Contamine-Lachenal (63°). Avec la technique actuelle et les outils modernes, c’est devenu complètement à vaches.
La moto est un engin pour égoïstes, on est seul dessus et on se fait plaisir en solo. C’est kif kif le parapente sauf qu’on n’est pas dessus mais dessous.
Le duo est possible dans les deux cas, évidemment, mais on n’attaque pas le genou par terre dans les petits virolos, et on ne fait pas chanter le pneu AV au freinage. Idem en biplace, les vols sont le plus souvent assez paisibles mais je connais quelques furieux qui passent la séquence hélico + SAT en biplace.
Je connaissais un autre furieux qui emmenait des filles avec sa Kawa H2… des filles trop jeunes pour mourir.
Jusqu’ici, le parallèle est vaguement argumenté et j’envoie maintenant le gros calibre : ce sont des activités totalement passionnelles.
J’ai connu la grande fraternité entre motards et j’en ai dépanné pas mal au bord de la route. Les concentrations sur le GP de France, le Bol d’Or ou les 24h de Liège, c’était quelque chose ! Les “Elephants” aussi, rendez-vous en hiver sur le Nurburgring en Allemagne. Sur toutes les routes d’Europe conduisant au circuit, des motards veillaient pour accueillir les dingues qui roulaient et qui étaient gelés.
Une autre époque.
Je ne suis jamais allée à l’Ile de Man pour le TT.
Les compètes de parapente - pour ce que j’en connais - ressemblent un peu au Continental Circus de ma jeunesse question ambiance et convivialité.
L’escalade c’est complètement différent, vu d’en bas.
Quand un alpiniste de très haut niveau comme Julien Irilli (
Ju si tu me lis) grimpe, il a dans son sac une sellette de 100g et une Skin de 1,5kg. Quand je faisais des grandes courses, j’avais dans mon sac un sac-tente Zdarsky, un “duvet” en Rexotherm, une doudoune en duvet et un réchaud aménagé “maison” avec gamelle, une gourde en alu, quelques sachets de thé et quelques morceaux de sucre.
Cela faisait des kilos et je grimpais en tête de cordée, avec donc toute une quantité de matos (marteau et pitons avant 1975, coinceurs ensuite, des mousquetons, un descendeur), une corde de 100m à tirer en grimpant, un piolet avec manche en bois et des crampons, c’était une autre époque.
Le matériel d’escalade s’est allégé, les parapentes aussi.
En août 1972, redescendant sur l’Italie après avoir sorti la Walker dans la journée et dormi au refuge :canape: , je me cassais les genoux et les vertèbres sur un terrain infect et interminable, en pensant à une voile qui permettrait de redescendre en volant. 40ans après c’est ce que font pas mal de grimpeurs, ce qui économise beaucoup de fatigue à la montée (sac très léger) et surtout à la descente.
Pour le Mont Blanc, le vol dure 45 minutes de bonheur alors qu’à pied il faut 8h par le Goûter (avec le couloir à se pastiller).
Parmi d’autres parallèles mais c’est inhérent à tous les sports, il faut du temps pour faire un bon grimpeur, un bon motard ou un bon pilote.
En bref, l’idéal est de se déplacer en moto pour aller grimper, avec la voile dans le sac pour redescendre.
