Je ne prends pas le commentaire de Klausi comme défaitiste mais comme pragmatique et réaliste.
D’ailleurs, je fais le même constat que lui. La plupart (on va dire 95%) des parapentistes expérimentés que je connais ont eu un carton, plus ou moins grave (parfois sans rien se faire, parfois mortel), à un moment ou un autre, et je fais aussi partie du lot.
Ça ne m’empêche pas de réfléchir et de proposer des solutions pour éviter les accidents, au contraire, puisque j’y suis encore plus sensibilisé !
Mais j’avoue que (en ce qui me concerne), je suis effectivement un brin défaitiste et désabusé.
D’une part, en quinze ans de vol, je n’ai plus assez de mes dix doigts pour compter les gens que je connaissais (de près ou de loin, mais à qui j’avais au moins serré la main ou fait la bise, puisqu’il y a aussi des femmes) qui ont perdu la vie en pratiquant l’activité, je ne compte plus non plus les cartons sévères (autorot jusqu’ au sol, retour à la pente, etc) qui ont eu lieu devant mes yeux.
D’autre part, dans notre club, on a joué le jeu suggéré par la fédé d’organiser des soirées sur la sécurité, parler des choses à faire où ne pas faire pour éviter les accidents, etc. en plus des SIVs, des sorties remises en formes, et toutes les autres activités plus ou moins liées à la sécurité.
Résultat : encore des blessés graves et un des intervenants à ces soirées qui s’est tué malgré des dizaines d’années d’expérience et un comportement plus prudent que la moyenne.
De plus, j’ai (plus que) l’impression que les vraies bonnes journées se font de plus en plus rares ; maintenant, pour espérer faire un cross sur une journée, il faut s’attendre à rencontrer des vents violents, des brises très fortes, ou des conditions désagréables (endroits sous le vent, petits thermiques étroits et très forts par exemple) sur une durée significative qui font serrer les fesses, piloter activement en permanence pour affronter les éléments tel un guerrier du vent, et donc baisser la mana et craindre pour sa peau.
Perso, c’est pas pour ça que j’ai “signé” quand j’ai commencé le cross, mais pour le coté merveilleux de pouvoir se déplacer sur des dizaines ou des centaines de kilomètres sans moteur avec un planeur qui tient dans un sac à dos en contemplant des paysages somptueux.
Même mes derniers petits vols du midi ne m’ont pas plu, à force de me faire brasser. Bon, il faut dire que je vole actuellement sur-toilé, ça ne doit pas aider et que l’air sec et stable de l’été n’aide pas non plus (cela dit, au printemps, il n’y a pas eu tant de belles journées non plus), mais j’attends avec impatience de revivre un vol, même en local, ou je vais apprécier d’enrouler un thermique en toute sérénité, sans avoir à craindre les conditions citées plus haut. Bref, je n’en suis pas encore au point des potes de Jaimaile, mais je dois dire que son message trouve un certain écho en moi, et que je comprends tout à fait ses potes si leur plaisir de voler a disparu.