On en revient toujours à l’équation sécu = adéquation matos + niveau du pilote + conditions aéro du moment
Tu t’es mis dans une situation où j’ai l’impression que les 3 variables étaient dans le rouge :
adéquation matos : pas d’instrument pour te sortir du nuage et peut-être du matos encore trop pointu pour voler sereinement là où t’étais.
niveau du pilote : ça monte à +8, ça ne devrait pas être un problème pour descendre. Avec ton matériel on peut tenir les -20m/s même en conditions fortes. Mais pour pouvoir y arriver, il faut de l’entrainement et donc un meilleur niveau de pilotage. Il y a beaucoup de solutions pour descendre rapidement ; fais une recherche sur ce sujet, tu trouveras pléthore de réponses (ou demande à mister archive du forum) mais ce qui compte, ce n’est pas de les connaitre, c’est de les pratiquer. Qui plus est, beaucoup de pilotes ne le savent pas mais en volant en cocon on a la chance d’avoir un mini-drag-chute à dispo : position assise, on écarte les genoux pour créer une belle entrée d’air dans le cocon, c’est efficace pour limiter les G (mais c’est pas la classe, c’est peut-être pour ça que ça n’est pas répandue comme technique).
conditions aéro : si tu n’es pas en mesure de : descendre rapidement, quitter la zone en mode full speed ou de faire du vol IFR avec un tableau de bord digne d’un 747 (y’a des spécialistes du vol IFR, si , si) et bien tu n’es pas en sécu sous les nuages. Mais je te rassure, beaucoup (trop) de pilotes volent avec la même insouciance car des récits comme le tien de pilotes qui montent à + de 4000 dans du gros cum, on en a tous les ans depuis plus de 20 ans. D’ailleurs je suis persuadé que tu en as déjà lu quelques uns, preuve que les mauvaises expériences des autres ne servent que si l’on arrive à se remettre en question.
Sur ce, Roquebrune réouvre le 1er octobre et tu es le bienvenu pour bosser tout ça en sécu
Cette dernière phrase me semble plus sincère avec toi même que ta position de février dernier où tu te racontais des histoires (de mon point de vue).
Bonne récup
Mon avis est que tant que tu continueras à penser ça tu ne pourras plus progresser…
Cela peut arriver d’être au mauvais endroit au mauvais moment… Mais finir dans un nuage n’est clairement dû qu’a toi (ton pilotage, tes marges, ton discernement des conditions, ton placement), pas à la fatalité.
En tout cas content que tu t’en sorte sans problèmes graves, car finir dans une falaise accroché a son secours ça doit pas être confort.
Content pour toi que tu poses sans trop de dégâts.
Le secours dans le nuage me rappelle cette histoire lue/vue de ce qui était arrivé à un pilote lorsque je débutais en parapente.
« La voile en papillote, sous secours (Rogallo Twisté) dans le nuage, çà montait toujours. Bon, plus rien à faire d’autres que quelques photos alors. »
Dommage qu’on ne puisse pas voir la forme des nuages sur Varan.
La base du vol est de gérer la distance / nuage qu’elle soit horizontale et verticale… d’où la règle des 45°, à 10m/s horizontal (36km/h), on peut enrouler du 10m/s si on garde le bleu accessible (bord du nuage) sous cet angle.
Quand on enroule sous un cumulus qui développe bien, on doit faire attention si le relief dans ce secteur est dedans ou proche.
Dans un tel cas, ou la base du nuage, qui n’est pas un gros congestus ou pire, est + haute que les montagnes environnantes, si le nuage était isolé j’aurai continué à voler dedans jusqu’à trouver une porte de sortie. Comme dans le brouillard on perd tout repère visuel, il faut éviter des manœuvres extrêmes car sinon on ne sait plus où on en est, on confond tout, on ne sait même pas si on vole à plat ou en virage…
Le meilleur instrument pour y voler droit reste le mode carte du GPS, on voit sa trace, cela permet, du moins à moi, de garder un cap plus aisément qu’avec la boussole.
Comme d’habitude, il faut mieux rester à des choses qu’on sait faire tant que la situation le permet.
Je conseille aux pilotes qui ont un peu d’expérience de faire l’expérience de voler dans un nuage isolé, peu développé, en plaine pour avoir un aperçu des difficultés qu’ils auront à faire dans un + puissant.
Quand on regarde ta trace, on a l’impression que tu as continué à enrouler (et à dériver et vers le relief et vers le nuage) très longtemps, et non juste “quelques petits tours”. Après un passage un peu anarchique, tu recommences à enrouler de 3000 à plus de 4000. Pourquoi? Espérais-tu sortir par le haut???
Très content pour toi que ton gros “incident” se soit bien terminé…
Avec ton message ci-dessus, je constate (une fois de plus) qu’il y a vraiment des catégories de pilotes vraiment très différentes et qui n’ont pas la même approche de l’activité.
Il existe des pratiques tellement variées !
Tu écris :
Tu sais que la première chose que les parapentistes te demandent le soir c’est “alors ce vol ?” et je n’ai JAMAIS entendu quelqu’un répondre “je m’en suis mis plein les mirettes”. C’est le plus souvent une description du trajet, des conditions météo, et parfois du kilométrage.
C’est sans doute vrai pour des pilotes avides de performances et de kilomètres.
Mais pour les pilotes comme moi qui pratiquons principalement le vol rando en moyenne montagne ou le paralpinisme en haute montagne (en dehors des séances de soaring tranquille le soir à Sainte-Victoire), de quoi parlons-nous entre nous lorsque nous sommes posés ?
Justement des émotions esthétiques liées aux paysages et glaciers survolés, de l’ambiance en l’air, du gaz sous les pieds, etc.
Comme ce sont des vols balistiques de courte durée et qu’il n’y a aucune “performance” à la clef, nous n’évoquons bien sûr jamais le taux des ascendances (en haute montagne tôt le matin, il n’y en a pas…), ni les kilomètres parcourus…
Quand on rejoint la vallée en volant en ayant décollé du Mont-Blanc, de l’Aiguille Verte, des Grandes Jorasses, des Ecrins ou du Pelvoux on est bien envahi par des émotions esthétiques ; on en a “plein les mirettes” (comme tu dis) et c’est bien cela que l’on souhaite partager.
Il n’y a bien sûr aucun jugement de ma part entre les diverses pratiques (il y a aussi la compétition, la voltige, etc.).
A chacun ses choix, mais je tenais juste à signaler qu’un certain nombre de pilotes affirment justement “Je m’en suis mis plein les mirettes”.
le vol dans le nuage reste interdit mais c’est vrai que c’est grisant à vivre au moins une fois, comme le vol de nuit :ange:
ça fait 80 pages de critiques sur ton engagement décomplexé et ton apprentissage rapide…
Personnellement et comme déjà dis par d’autres, je vois des nuages comme ça, je n’y vais pas ! un jour peut être , mais je sais que quand tu vois ça le risque d’aspiration n’est pas une légende et est bien réel
l’histoire du secours (+8-5.5= + 2.5m/s…), de la fatigue, de l’autorot, du “ho mon dieu”, de la voile en miroir,… au bout de presque 900 vols, du devrait savoir que prier ne sert à rien…respirer, comprendre, analyser, faut être bien lucide dans les moments comme ça, apres à 4000m dans des conditions comme ça plus facile à dire qu’a faire…
Ce qui ne tue pas, te rend plus fort…mouais… mais si ce qui te rend plus fort te pousse à prendre plus de risques, à un moment donné… :vrac:
Beau joker de cramer encore et heureux que tu n’est rien.
Mon conseil : vole plaisir, laisse pour le moment la perf et les reves de gros cross au second plan. en parapente ca sera toujours Eole qui aura la plus grosse et malgré un mousse bag et un secours elle peut te la mettre bien profond (oui c’est gras, mais là je vois pas mieux comme image pour décrire les castelanus )
une question : tu as fais des SIV, non? en quoi cela t’as t il aider/pas aider ?
Ça pourrait faire un bel argument sur l’intérêt des SIV pour tous… A quoi ça sert un SIV si c’est pour se dire “je suis un cador maintenant du pilotage” alors qu’on est incapable de bloquer une autorot dans la vraie vie? Reste l’intérêt de voler moins con, c’est déjà pas mal, mais bon…
Sans vouloir faire du bashing à tout prix, je suis quand même interloqué par un pilote qui approche les 1000 vols mais qui se met des cartouches bientôt toutes les semaines et pas que du petit incident de vol… La règle des 10 ans de 777 me parait plus que jamais d’actualité!
Une chose m@tthieu, est ce que tu as ou va déclarer ton accident à la ffvl ? J’espère que oui car je trouve cela important pour que les écoles puissent s’en servir pour prouver aux élèves que ça arrive.
L’étude de ta trace me parait tres intéressante, avec dans l’ordre :
(Note, que je n’ai pour le moment que le faire très rapidement sur smartphone…)
Tu as plus de 3 h de vol dans les stabilos au début de ta montée au nuage.
Les valeurs de montée sont bien plus souvent autour des 4 m/s voire en-dessous que franchement au-dessus.
Visiblement il y a du vent au vu de tes variations de vitesse-sol pendant que tu enroules.
Tu enroules sans jamais vraiment tenter une fuite horizontale.
Sans doute est-ce la conjonction entre vent et thermiques et manque de pilotage efficace qui t’amène à la fermeture et l’auto-rot.
Ton taux de chute n’est jamais démoniaque en auto-rot.
Par contre après ouverture du secours cela semble assez important (~-8m/s) certainement l’effet miroir.
Tu as eu beaucoup, vraiment, de chance de t’en tirer à si peu de frais.
Si tu ne vois pas, si tu n identifies pas les vrais problèmes qui t’ont amené au tour en hélicoptère, tu ne trouveras jamais les vraies solutions qui peuvent t’éviter de le rencontrer à nouveau pareille situation avec peut-être moins de chance à l’arrivée au sol.
Dans l’absolu, on est encore dans la même configuration que 83 pages plus tôt.
Juste comme ça, il dit faire 2t/2.5t d’autorot’.
Dans des conditions bien “toniques” comme ça, sans repère visuel et à moitié givré, c’est si pourri comme temps de réaction?
[quote]Plus de repère visuel, plus de repère d’orientation. Le haut, le bas…Je me dis que je vais taper le relief si je fais des 360 donc vaut mieux que je laisse gagner de la hauteur. et être au-dessus du relief. 3600, 3800.
Ca monte sans arrêt et ça tournoie dans tous les sens. La voile fait une première abattée monstrueuse car je la vois sous moi, je relève les mains. Et attends, début d’autorotation, je contre, je pense. A ce moment là c’est la survie qui importe plus que tout. Je m’entends crier, hurler “Mon Dieu, mon Dieu, je ne veux pas mourir maintenant”. Ca se stabilise et puis quelques instants plus tard, le givre commence à recouvrir mes lunettes, froid aux mains instantané malgré les gants, je me dis 4000m, je ne suis pas déjà au Mont Blanc quand même;deuxième abattée, deuxième autorotation, la voile face planète et ça tire, ça tire, deux tours je crois et je me dis que je ne vais pas tenir avec la centrifugation, je vais m’écraser au sol à vitesse V.
Je ne veux pas mourir comme ça maintenant, seul dans ce nuage gris, fou sans issue. “Mon Dieu, je ne veux pas mourir maintenant” J’ai de la hauteur, j’aurais pu impacter. Je ne sais pas où je suis. Tant pis, je décide de tirer le secours … et là quelques secondes plus tard, je suis sorti de l’ascendance, je suis avec du ciel bleu autour et des forêts.
[/quote]
Es-tu sûr d’avoir eu la voile sous les pieds?
As-tu vu de réelles fermetures?
Je pose ces questions car dans le nuage, on a peut subir un gros cabrage suivi d’une bonne abattée qui en l’absence de repère visuel donne l’impression qu’on a la voile sous soi.
Il en est de même pour les rotations… tout à l’air de défiler + vite dans le brouillard.
faire un SIV et l’assimiler sont deux processus différents : ou tu consommes vite fait ou tu t’impliques à fond.
Réagir contre l’autorot doit être automatique et instantané.
On devrait faire un sondage : parmi ceux qui volent pour pouvoir dire à leurs potes qu’ils sont restés plus longtemps en l’air ou qu’ils sont allés plus loin, combien se sont sérieusement entraînés à contrer une autorot ? combien l’ont déjà contrée efficacement dans la vraie vie ? (euh et combien savent l’identifier !?!).
@M@tthieu : merci pour ton récit et content que tout se termine bien.
Question très matérielle : ton matos est dans quel état ?