Presque un mois après, j’en remets une petite couche tout en relativisant.
D’abord je ne vole qu’en montagne, sur site et en rando voire trop rarement en paralpinisme. Je n’ai absolument aucune compétence en bord de mer ni en plaine, je pense que les vols de ce genre sont très différents et exposent moins à des vracs que les vols en montagne.
Je ne m’insurgerai donc pas en lisant, sous la plume de pilotes “plaineux” ou “côtiers”, qu’ils se sentent en sécurité à partir d’une bonne analyse des conditions et qu’ils n’éprouvent pas le besoin de sortir exprès du domaine de vol pour apprendre à y revenir en toute sécurité.
De même qu’une personne sans la moindre activité sexuelle n’éprouve pas le besoin de prendre des contraceptifs ou d’acheter des capotes.
Et pourtant… il y a aussi des incidents de vol violents sur des sites de plaine.
Voler en montagne me semble une pratique très différente, tant les conditions varient localement. Même un excellent pilote, qui fait tous les jours des bornes en cross et qui se connaît bien, qui pense bien connaître sa voile, peut se retrouver par terre (ou mieux aux arbres) si sa voile ferme, cravate et part en autorot sans qu’il ait appris à gérer l’incident. Et chacun sait que ce type d’incident est généralement d’autant plus brutal que la voile est performante.
J’ai vu des très bons pilotes s’en prendre des mahousses, cela n’arrive pas qu’aux brèles ou aux débutants.
Mes interventions vont donc dans le sens de la sécurité ACTIVE, de même qu’une sexualité débridée ne peut pas faire l’impasse sur les capotes, même si la plupart du temps il n’y aurait pas de souci… Avoir confiance en soi et en sa voile est important mais il y a le reste : les autres, l’aérologie, les incertitudes locales, tous paramètres qui peuvent générer des soucis.
J’ai lu cela plus haut :
[quote]On peut aussi progresser en apprenant progressivement à ne jamais sortir du domaine de vol. De nombreux pilotes (et pas les plus mauvais) n’ont jamais fait de SIV ni de décrochage. Soit on apprend à se sortir d’une situation critique, soit on apprend à ne jamais s’y mettre.
Mais je suis aussi conscient que ce genre de stage est trop extrême pour certains pilotes. Dans ce cas, une formation basée sur du ‘pilotage avancé’ me paraît plus appropriée.
[/quote]
Inutile de dire que je trouve ça très [censuré], j’argumente :
1 - Comment apprendre à ne jamais sortir du domaine de vol ?
2 - Comment apprendre à ne jamais se mettre dans une situation critique ?
3 - En quoi un stage SIV peut-il être extrême, quand on sait comment cela se passe et que c’est à la carte, adapté au niveau de chacun ?
4 - Qu’est-ce que le “pilotage avancé” ? C’est aussi ainsi qu’on nomme les stages SIV.
Ce post donne une mauvaise justification aux gens qui ont peur parce qu’ils ne savent pas.
1 - On sort du domaine de vol quand on fait de l’acro, mais en vol normal la sortie du domaine de vol est toujours accidentelle si on ne pilote pas comme un cochon.
2 - On ne se met jamais en situation critique pour le plaisir, mais parce qu’il y a soit absence de pilotage, soit des mouvements aberrants pudiquement appelés “surpilotage”, qui aggravent le problème.
Sur la route, on peut partir en sucette en virage - sans pour autant le faire exprès - sur des bouses de vache, des feuilles mortes mouillées ou du jus de betteraves, ou même en ligne droite sur des traces de gasoil ou des retombées de fumées de mazout sur chaussée humide, il y a plein de pièges. Savoir contrôler la voiture permet de s’en sortir ; ne pas savoir et pire toucher aux freins et c’est le carton. En moto, on est le plus souvent par terre avant d’avoir compris quoi que ce soit mais avec de l’expérience on évite la plupart des pièges quand on a toujours un oeil qui traîne sur le côté gauche de la route, pour voir ce que les voitures ont apporté.
Tout ça n’a rien à voir avec la conduite ordinaire, (mal) enseignée par les auto-écoles. Faire un stage de pilotage sur circuit n’est absolument pas dangereux et il ne faut pas imaginer qu’on se trouvera au volant d’une bête de course : on fait ça avec sa voiture, en fonction du niveau qu’on a, de même qu’on fait un SIV avec sa voile et en fonction de son niveau, pas avec un “gun”.
J’ai enfoncé le clou avec pertinence et conviction, j’espère avoir été un peu pédagogue. J’ai “ramassé” pas mal de gens en vrac, qui avec un minimum de pilotage se seraient tirés de petits incidents très mineurs. J’en ai vu quelques uns s’obtenir grave suite à des fautes grossières, qu’un minimum de formation au pilotage aurait évitées. Les conséquences d’un accident de parapente ne sont pas toujours anodines et je ne comprends pas que des gens puissent voler sereinement en n’ayant pas un bagage technique minimum pour faire face en cas d’incident.
En l’air, c’est l’imprévu qui arrive toujours.
Bons vols à tous*